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6 avril 2021

La Société du Spectacle (1973) et Réfutation de tous les jugements, tant élogieux qu'hostiles, qui... (1975) de Guy Debord

Dur de "critiquer" un tant soit peu ce film-montage de Debord tant dans Réfutation de tous les jugements, tant élogieux qu'hostiles, qui ont été jusqu'ici portés sur le film 'La société du spectacle', il met à mal tout avis positif ou négatif sur la question. Cela me fournirait un bon argument pour taper en touche mais soyons, pardons, tentons d'être "constructif" à défaut d'être "situationniste"...

h_4_ill_699932_05101624_debord_x1p1_oriTapant tout autant à droite (nos bonnes vieilles sociétés occidentales qui ont fait du spectacle une marchandise comme une autre) qu'à gauche (les régimes cubains, chinois, soviétique et autres "bureaucraties totalitaires" dont la "mise en scène" du pouvoir est tout autant visible et contestable), Debord et les situationnistes prônent l'idée... euh... comment dire... de tout péter?... enfin disons simplement de tout changer... en profondeur; les révolutions précédentes n'ont permis à ses yeux qu'à mettre au pouvoir une bourgeoisie qui n'est jamais que la "classe de l'économie en développement" (vous m'en ferez 4 pages pour demain); seul le prolétariat représente la classe de la conscience, une conscience la mieux à même de mettre à bas tous ces vieux concepts usés. L'un des concepts dont il fait son cheval de bataille est justement celui du spectacle qu'il définit comme "le mauvais rêve de la société enchaînée, spectacle qui n'exprime finalement que le désir de dormir de cette société"; le spectacle comme authentique "gardien de ce sommeil", puisque l'insatisfaction elle-même est "devenu une marchandise" et de nous montrer Johnny Halliday (il a joué dans un film de Debord, dingue quand même) ou les Beatles. Et ouais on s'endort devant toutes ces images qui défilent - pub, ciné, télé - et Debord de parsemer son discours de gonzesses presque totalement dévêtues comme s'il voulait me tester et me faire perdre le fil - il est bougrement malin, il y est parvenu en partie... C'est vrai que sa théorie sur la consommation ou le tourisme reste relativement compréhensible, tout comme sa critique de l'union de la gauche en France qui ne constitue jamais qu'une autre "mystification" (ah revoir Marchais, Georges, et ce jeune Mitterand tendu comme un slip côte-à côte... quand on en est aujourd'hui à parler d'alliance avec Bayrou, hum). D'autres envolés me sont sûrement passées un peu à côté (c'est mon oreille qui déconne, je le sais). Cette charge héroïque et sans concession contre nos pauvres sociétés modernes revigorent malgré tout même si le gars Guy ne me jetterait qu'un œil condescendant devant la faiblesse de ma réflexion et mon pauvre côté rebelle... (Peut-on concevoir un blog Debord? - un carnet oui, mais... pardon)

C'est d'ailleurs le sujet de cette Réfutation... où il attaque radicalement ses détracteurs ou ses défenseurs; le pire c'est que ce pamphlet filmique est finalement beaucoup plus lisible et clair que son long-métrage précédent (si je peux me permettre). Les gens qui n'ont rien compris à son film prouvent bien dans quel état de "fatigue mentale" ils demeurent, la confusion étant plus dans leur tête que dans son film. Les gens qui eux trouvent un certain style et raison d'être à son œuvre ne sont eux que des vendus de cette société qu'il exècre. Ses attaques sont finalement beaucoup plus tranchées, comme lorsqu'il évoque la création d'un nouveau Ministère "de la qualité de la vie", comme si, citant Machiavel, il fallait absolument que l'on essaie de conserver le nom de ce qu'on avait perdu (à ressortir sous Sarko.... eheh). Sa critique se fait finalement plus frontale, et aux penseurs qui l'attaquent sur sa façon de faire un film et aux cinéastes qui l'attaquent sur sa façon de pensée, il finit par rétorquer que les uns parlent "d'un cinéma qu'ils ne savent pas faire" et les autres "d'une société qu'ils ne savent pas construire". Voilà... On finit par se demander, désarmé, comment la société a-t-elle pu autant virer de-bord... (D'autant que les bureaucraties totalitaires d'hier sont celles qui reprennent et intègrent le mieux la stratégie des sociétés capitalistes d'aujourd'hui - China power - étonnant oui.)   (Shang - 30/10/07)


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J'ai personnellement gravement décroché au bout de 10 minutes de cette voix somnifère, si bien que l'essentiel du métrage m'est passé à côté, même si le charme de ces vieilles images surgies de nulle part et placées bout à bout a opéré en lui-même. Le livre m'avait intéressé et questionné ; mais le film, qui semble pourtant être une forme encore plus pertinente pour faire passer ce message, m'a échappé plus souvent qu'à son tour. Bon, on retrouve nonobstant un certain plaisir à entendre les sentences définitives de Debord, qui massacre de l'intérieur les motifs spectaculaires modernes, critiquant la société du divertissement qui est la même que la société capitaliste, et transformant le marxisme frontal en acte poétique. C'est impoli, revendicatif, punk, assez violent, mais il y a aussi selon moi une part d'humour un peu collégien dans ces attaques au tomahawk, et le ton sépulcral de la voix off très distancé ajoute une couche dans l'ironie mordante du film. La Société du spectacle est une sorte de dazibao soixante-huitard indigné et insolent, qui montre son cul au bourgeois tout en étant brillamment juste dans le fond. Du moins c'est l'impression qu'il donne et qu'il cherche à tout prix à nous imposer par sa cérébralité ardue et son ton hyper-sérieux... ton qui pourrait bien cacher en fin de compte une posture plus rigolote que prévue. C'est mon point de vue, et de toute façon ça ne suffit pas à faire aimer ce film, trop savant, trop volontairement ardu. On aime ce défilé d'images de toutes sortes, qui en disent finalement plus long sur l'état de notre société du spectacle que le texte cossu de Debord ; mais on le regarde s'enchainer un peu machinalement, très vite dépassé par les concepts fumeux, qui passent trop vite pour qu'on ait le temps d'y réfléchir vraiment (primauté, de ce côté-là, de la littérature sur le cinéma). Relisez donc le beau livre de départ, et oubliez son illustration.   (Gols - 06/04/21)

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