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7 octobre 2007

Takeshis de Takeshi Kitano - 2005

takeshis5k_1_Takeshi part méchamment en vrille, dommage que ce soit plus pour le pire que pour le meilleur.

Suite de saynètes qui s'enchaînent plus ou moins acrobatiquement (Kitano et son double font 263 rêves qui sont autant de parenthèses dans la narration) donnant au final une oeuvre protéiforme qui a un peu tendance à perdre le spectateur en route. Et pourtant Dieu sait que l'on aime notre Takeshi, Hana-Bi ou Dolls étant de purs chefs-d'oeuvre. Même pour Zatoichi je serais prêt à provoquer une rixe contre ses détracteurs. Mais là, non seulement les scènes de comédie tombent généralement à plat (on est plus tendance Getting any ? que L'Eté de Kikujiro), quant aux scènes de baston, elles ne sont qu'une répétition à l'infini de quelque chose de déjà vu.

Sans rentrer dans les détails de l'histoire, le vrai Takeshi croise sur sa route son double, personnage aussi bien obsédé par les films du maître que par les gens qu'ils croisent sur sa route. Celui-ci va d'audition en audition en se rétamant la tête, comme si Kitano voulait presque nous faire croire que le succès ne tient en réalité pas à grand-chose. Pitreries dans une petite épicerie, voyage onirique en taxi, tuerie systématique...  On s'achemine tranquillement vers du n'importe quoi, un numéro de danse avec une chenille géante et un interminable numéro de claquettes sur la musique de Zatoichi (ouais la même presque) tombent au bout d'1 heure 20 comme s'il fallait meubler  -on se croirait dans du Tsai Ming Liang version Un Nuage au bord du ciel sans le même panache et une imagerie érotique limite. Ok the show must go on, mais si c'est pour finir comme Freddie Mercury mieux vaut s'abstenir...

takeshis_150_1_On se retrouve tout d'un coup sur une plage et après les mauvaises parodies de20060705 comédie, on se dit qu'on va avoir droit à la parodie poétique qui a coutume de s'achever en suicide. Et ben po du tout. On a une scène qui frôle le délire, pouvant résumer peut-être à elle seule le message de l'auteur : Kitano dézingue pendant 15 minutes tous les personnages qu'il a affrontés dans ses derniers films: samouraïs, policiers, sumos, tout y passe et 47568 personnes lâchent leur dernier soupir sur la plage. Ok, Kitano veut, avec ce film, régler leur compte à tous les personnages qu'il a joués (du clown triste au Yakuza) mais aussi à tous les personnages qui peuplent son univers... Vaste projet, comme s'il cherchait à se débarrasser (ou essayait de se débarrasser) de toutes ses créations - ses créatures y compris- qui finissent par le hanter. Bon.

takeg_1_Ce numéro de Kitano vs Kitano lasse au final et on se demande presque s'il s'agit de pur narcissisme, d'une véritable schizophrénie ou si cela exprime tout simplement la volonté de passer à autre chose... Quitte à faire un film somme -ou fourre-tout - pourquoi, à ce moment-là ,gommer tous les moments de grâce que l'on peut trouver dans un film comme Dolls pour s'attarder surtout sur ce qu'on peut appeler son univers télé, ou ses films de Yakuza? Dans ses 5 derniers films, il y avait tant de tournants artistiques des plus prometteurs, pourquoi partir en live dans une oeuvre qui finit par être rapidement très décevante voire frustrante pour ses spectateurs? Manque d'inspiration, testament ou pur délire pour le fun? Il est clair dans ces conditions que son prochain film est plus que jamais attendu, en espérant y trouver un Kitano trans-"figuré".   (Shang - 21/07/06) 


b159711Je serai beaucoup moins sévère pour ce film que mon brillant collègue, avec lequel je partage une inaltérable passion pour Beat Takeshi. Cet opus est certes assez déstabilisant, et je ne conseillerai pas à un spectateur peu habitué au cinéma de Kitano de commencer par celui-ci. Mais si on a vu et revu les grands chefs-d'oeuvre du gars, on ne peut qu'apprécier, ce me semble, cette somme, cette oeuvre-bilan, cet état des lieux des obsessions, fantasmes et grandes figures de style de son cinéma.

Je ne hurlerai pas au chef-d'oeuvre, bien sûr, Takeshis étant très souvent maladroit et kitsch. Kitano tente de faire son 8 untitled1/2, mais ne touche jamais à la profondeur de Fellini, qui avait su réutiliser ses motifs pour créer un nouveau style. Takeshis manque de cette intelligence, et n'est souvent qu'un exercice de style un peu creux. Mais j'apprécie beaucoup, pour ma part, la sincérité touchante de ce film. Arrivé sûrement au bout de quelque chose dans son cinéma (et il est vrai qu'il semble avoir usé jusqu'à la corde ses motifs), Kitano se pose et réfléchit sur le sens de son oeuvre. Tout en affirmant plus que jamais son originalité et sa culture japonaise, et tout en prenant soin de takeshis_1bien donner à son public ce qu'il attend de lui (des clowneries à la danse, des fusillades à répétitions aux personnages mutiques), il vide toutes ces étapes attendues de son parcours de leur sens, en fait de simples formes, vidées de contenu. Il interroge ainsi assez subtilement sa filmographie, la confrontant au monde contemporain (peinture, musique, mais aussi le quotidien de chaque jour) et aux autres cultures (le film commence et s'achève sur un long regard de Kitano face à un Américain, on croise aussi une sorte de sorcier africain). Comme si la dépression légendaire du cinéaste trouvait toute son expression dans la pure forme : les fusillades ne riment à rien, les kitscheries de son travail pour la télé ne sont plus drôles, son personnage est un malentendu qu'il importe de supprimer takeshis_01(ce sera d'ailleurs concrètement le cas avec la scène de son sosie qui le poignarde). Et si le vrai Takeshi était là, dans ce ringard quasi-autiste qui râte tous ses castings, et qui tue tout et tout le monde sans recul ?

Takeshis, au milieu d'un magma certes inégal, est truffé de belles scènes, prouvant encore une fois le sens de l'absurde et de la situation qui fait mouche de Kitano. Au sortir d'un énième tournage, le voilà pris dans une solitude totale par un habile travelling lattéral qui fait disparaître ses partenaires ; au final, le voilà troué de balles face à l'ensemble des personnages de ses films passés (des samouraïs de Zatoichi au surfeurs de A takeshisScene at the Sea, de la femme muette de Hana-bi à Kikujiro) ; ou encore, le voilà confronté à son acteur fétiche, qui le poursuit sans arrêt pour lui reprocher de lui "avoir piqué sa meuf"... Autant de motifs qui se retournent contre leur créateur, pour dresser une sorte de bilan glaçant d'une carrière qui se trouve très certainement à un tournant, si ce n'est à une fin. "Et maintenant ?" dit Kitano juste avant le générique final. Je demande à voir la suite. Un film franchement touchant, émouvant dans sa subjectivité et sa "dépression", un beau film sur les affres d'un artiste confronté à sa légende.   (Gols - 07/10/07)

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