La Vengeance dans la Peau (The Bourne Ultimatum) (2007) de Paul Greengrass
Il y a plus de plans dans les trois premières minutes de ce Bourne que dans toute la carrière d'Alain Cavalier. Il y a plus de kilomètres parcourus dans les 10 premières minutes (Moscou, Italie, Paris, Londres, Maroc...) que de millimètres dans l'intégrale de Bela Tarr. On disait que 24 heures chrono avait boosté les thrillers, là franchement, à peine eu le temps d'enlever mes chaussettes et de caresser le Proutouie sur l'épaule gauche et le chat sur le genou droit. Ca dépote sa mère, un peu comme un condensé d'une saison du Jack en 1h30 - course sur les toits marocains, multiples crashages de caisses, panique dans les gares, combat dans les 3 mètres carré d'une salle bain qui déchire sa race... - sans parler des petites astuces du Jason qui en bon gars de 2007 se méfie plus des téléphones portables que de la peste, qui dans une ère du "tout surveillé" sait on ne peut mieux jouer avec le ballet des caméras qui quadrillent la ville.
Du punch, du brut de décoffrage mais également une pitite auto-critique du système américain, nos amis les arbitres du monde. Si dans le film de Joe Dante, c'étaient les morts en Irak qui se révoltaient contre leur cher président, là ce sont les agents secrets qui en ont ras la casquette de torturer, de flinguer à tout vent sans savoir pourquoi... Là où le petit père Ludlum est malin c'est que plutôt que d'accuser avant tout une manipulation du gouvernement, il pointe du doigt également le Jason qui a choisit bien volontiers de se mettre au service de la CIA. En cela l'affiche du film ci-contre est une petite merveille car si la tête du Jason cache l'endroit où était le World Trade Center, elle indique également que chacun doit faire face à ses responsabilités - autant lui d'ailleurs que le gouvernement qui ne doit se "voiler la face" . Ca va pas non plus remettre en cause l'histoire de l'humanité, ni donner un cheveu blanc à ce grand couillon de Bush, mais bon c'est au moins un petit pas dans la bonne direction.
David Webb -son nom d'origine- s'est pris les pieds dans la toile gouvernementale en devenant Jason "Bourne to kill" - mais désormais son amnésie est de l'histoire ancienne: si jamais il croise par hasard Jack Bauer, soit ils font une partie de poker de folaille, soit va falloir filer doux dans les couloirs de la Maison Blanche - bon moi je vais me coucher, il m'a tué ce Jason.