Pusher III (2005) de Nicolas Winding Refn
Résultat des courses après le visionnage des trois épisodes : la trilogie Pusher est impeccable. Certes, comme il a été dit, l'épisode 2 est d'assez loin le meilleur, mais Winding Refn arrive à conserver dans chaque film cette brutalité de filmage qui fait mouche, cette violence rentrée dans les trames, cette urgence dans la forme.
Dans ce troisième opus, on assiste encore une fois à la descente en galère d'un petit trafiquant ordinaire, compliquée ici par le fait : 1/qu'il tente d'arrêter la dope et 2/qu'il est censé organiser la réception en l'honneur de l'anniversaire de sa fifille. Tout ça en refourguant la tonne d'ecstasy qu'il a récupérée par erreur, et en gérant une sombre histoire de prostituée albanaise. Ca nous fait des grosses journées, et bien entendu celle-ci se terminera mal, comme dans les deux autres épisodes. Cette fois encore, le réalisateur utilise les règles du Dogme en maître, caméra à l'épaule qui se place toujours au coeur de l'action, montage serré comme un string, tempo incroyable. La simplicité de son scénario, qui se déroule de façon linéaire et implacable, contribue à cette tension, à cette sensation qu'on est placé juste à côté des personnages, et qu'on n'est pas vraiment à la bonne place.
La limite de cet épisode, le moins bon des trois, est peut-être dans le fait que, Winding Refn cherchant la surenchère, il tombe dans un excès qui ne convient pas à l'hyper-réalisme de la série. La fin de Pusher III est très gore, se complaît un peu dans le sordide, et on a l'impression que le style du film ne se trouve pas là, que ces scènes sanglantes sont ajoutées. Dommage : jusqu'à maintenant, les films étaient impeccables de justesse, toujours à la bonne distance entre humour noir, désespoir moite et pudeur d'enfant. En filmant de la tripaille qui file dans un évier, le gars sort de la rigueur qu'il avait mise en place, comme s'il voulait faire du spectacle là où seule la sobriété avait sa place. De plus, l'acteur est un poil moins convaincant que ses accolytes des I et II, surjouant les effets du speed avec trop de "construction de personnage".
N'empêche : ce film est encore une fois un vrai plaisir de cinéma. Quand il veut pour un Pusher IV. (Gols - 26/07/07)
Oui, comme le dit mon comparse, il s'agit d'une véritable journée à la Jack Bauer pour mon gars Milo - que je trouve quand même relativement convaincant même quand il s'en met plein le pif - dommage que la fin lorgne du côté du Père Noël est une ordure qui n'a jamais été la meilleure référence - dans le genre; comme si Refn pushait le bouton un peu trop loin. Il y a une montée en puissance un peu trop abrupte, toute l'action étant essentiellement concentrée en 10 minutes alors que le rythme est relativement à la cool le reste du temps; en fan de la série (dorénavant), on rit des petits private jokes - Milo qui cuisine des trucs imbouffables, Radovan toujours là en cas de secours, "The Cunt" avec des cheveux... - mais ce troisième tome n'a pas la précision du premier - l'enchaînement diabolique des journées - ni le fond de la seconde: les rapports entre le père et sa fille sont ici à peine esquissés (il est prêt à tout pour elle, alors qu'elle se révèle plutôt genre petite peste gâtée... mouais) et si Refn a toujours une grande maîtrise du montage et des prises de vue, on finit peut-être par être moins bluffé par ce style que dans les 2 premiers Pusher et à ces diverses possibilités. La toute fin, au petit matin, qui rappelle également la fin du précédent opus, comme un ultime moment de calme après la tempête, permet tout de même de souffler tranquille et d'évaluer l'ensemble de cette trilogie avec les meilleurs égards. Un réalisateur sur qui on peut parier sans problème dans l'avenir. (Shang - 06/09/07)