Esclave du Gang (The Damned don't cry) (1950) de Vincent Sherman
L'ambition - l'éternel american dream - est un ressort inépuisable pour nos amis les scénaristes hollywoodiens. Si l'on démarre avec une intrigue énigmatique - un mafieux a été assassiné et on retrouve chez lui sur un film vidéo les images de la mystérieuse Lorna Hansen Forbes, héritière dans l'industrie du pétrole -, le récit va s'attacher à retracer l'ascension sociale d'Ethel Whitehead, dont Forbes n'est en fait qu'un prète-nom et qui n'a de rapport avec le pétrole que par son ancien mari qui était un simple ouvrier dans ce domaine...
A la mort de son fils de 6 ans, Ethel décide de plaquer son mari qui n'a jamais pu satisfaire ses envies. De petits boulots en rencontres, elle va rapidement devenir la maîtresse d'un des plus grand mafieux de la côte Est; un rôle taillé sur mesure pour Joan Crawford qui de petite vendeuse ne va pas tarder à resplendir de mille feux, devenant la coqueluche de la jet new-yorkaise. Seule petite ombre au tableau: si elle a su se servir des bonnes personnes pour soutenir son ascension, elle va se retrouver à son tour utilisée par son protecteur pour l'aider à infiltrer un chtit mafioso de la côte ouest qui commence à devenir très encombrant. Règlements de compte, plus d'un homme succombant à son charme finira avec une balle dans le bide. On pense qu'il va s'agir pour elle d'une bonne leçon - il aurait mieux valu qu'elle trouve le bonheur "à son niveau" lorsqu'elle en avait l'occasion- mais la dernière réplique des journalistes qui quittent la maison de ses parents où elle a trouvé refuge est plutôt sarcastique: " - Tu crois qu'elle recommencera? - Ouais. Normal remarque quand tu habites dans un tel trou...!" Rah, foutu American dream où la réussite sociale semble être définitivement la seule valeur...
Si Joan Crawford et David Brian tiennent bien leur rang, ce film noir manque tout de même réellement de caractère et de scènes vraiment fortes - de style quoi, en un mot. Certes la psychologie des personnages dans leur relation perso/professionnelle est assez bien vue (qui utilise le plus l'autre, quelle association profite le plus?) mais sans atteindre non plus une réelle dimension machiavélique ; rien à dire non plus sur l'enchaînement narratif, c'est propre, mais au final le ton paraît un peu trop convenu et sans charme réel, ainsi que l'image, assez terne malgré les décors attendus de piscine ou de maison gothique. La filmographie de Sherman n'a d'ailleurs rien d'exceptionnel a priori. Pour les fans de la Crawford donc, surtout...