La Tourneuse de Pages (2006) de Denis Dercourt
La vengeance est un plat qui se mange froid.
Ambiance un tantinet aseptisée pour cette histoire qui se joue par petites touches. Même si l'on devine un peu par avance ce qu'il en résultera, Dercourt fait montre d'un certain style -limite Haneke pour le coup- pour la mener à bien. Si Catherine Frot et Pascal Greggory sont fidèles à eux-mêmes, Deborah François (qui transforme l'essai après L'Enfant des Dardenne) est définitivement magnétique dans ce rôle de jeune fille un peu trop sage et un peu trop propre sur elle pour être honnête - il faut tout de même faire preuve d'une certaine perversion pour planter une contrebasse dans le pied d'un homme un peu trop entreprenant (j'ai bien fait d'en rester à l'harmonica, c'est plus sage et on risque moins).
Les liens qui se tissent entre les personnages sont rendus avec une grande justesse à l'image de ce baiser que la chtite Deborah glisse mutinement sur le coin des lèvres de la Frot -un ralenti d'une belle intensité- qui laisse cette bourgeoise déjà fébrile toute tremblante. Seulement si cette dernière pense trouver ainsi un second souffle, c'est ignorer la lente machination que la jeune fille a mis en place depuis son tout jeune âge - l'art du jusqu'au-boutisme, dirons-nous. Une histoire feutrée dont le charme repose tout entier sur ce demi-sourire d'une Deborah mi-ange, mi-démon.