Ocean's 13 de Steven Soderbergh - 2007
Je ne comprends pas pourquoi les critiques s'acharnent sur Ocean's 13 : je viens de passer un des moments les plus simplement jouissifs de l'année. Soderbergh y retrouve la grâce du premier opus, cette apparente indolence taquine qui vous fait ressortir de la salle avec une banane jusque-là, sans autre sentiment en tête que la légèreté la plus chaleureuse.
En ôtant les défauts qui alourdissaient le deuxième épisode (ici, on simplifie la trame au maximum, on enlève toute trace de romance, on se fout pas mal de la psychologie des personnages), le gars Steven réalise un film-gag, aussi plaisant dans ses hommages mutins à l'esthétique 70's que dans les rebondissements de son scénario, impeccablement écrit pour procurer du plaisir. Si on aime le genre "casse du siècle", on ne peut qu'être emballé par les difficultés de la réussite de celui-ci (humilier un patron de casino, tout en lui piquant un demi-milliard, en lui dérobant ses diamants et en déjouant les complots du torve Andy Garcia). L'invention des 13 fait merveille, et il y a même un petit côté 24 dans la complexité des évènements qu'ils ont à gérer (genre mater une répression d'ouvriers mexicains, tout en séduisant une quinquagénaire frigide, tout en sautant dans un couloir d'ascenseur vertigineux, tout en gardant une impeccable raie sur le côté).
Côté réalisation, aussi, un vrai plaisir pour les yeux, Soderbergh sachant parfaitement retranscrire une ambiance désuette. L'utilisation des split-screens à la Kojak est très bien gérée, ils arrivent toujours au bon moment, la musique démodée est superbement écrite et utilisée, le montage, pourtant plein d'ellipses, est très fluide et impeccable. Côté distribution, on est dans la très grande classe (malgré un Matt Damon franchement absent), dans la grande tradition des personnages so british et propres sur eux. Certaines scènes sont hilarantes, comme ce moment suspendu où Clooney et Pitt pleurent comme des gosses devant une émission de télé-réalité à la con.
Un film d'une élégance sans faille, certes pas le plus profond du siècle (c'est bête comme tout), mais en tout cas le plus class de l'année.