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23 juin 2007

La Blessure de Nicolas Klotz - 2005

18408040_w434_h578_q80Tous les critiques se sont extasiées sur La Blessure, et j'ai entamé la vision de ce film-fleuve en toute confiance. Eh bien, j'avoue que je suis un peu déçu, sans arriver réellement à nommer ce qui me gène dans ce truc. Klotz, visiblement, est un gars hyper-intelligent, radical comme il faut, sensible, et son film est d'une ambition étonnante, et réellement très assumée : en 2h40, il décrit le destin d'une poignée de clandestins africains débarquant en France, leurs galères, leurs traffics minables, leurs souffrances, leurs déprimes, leurs tristesses insondables. Et le moins qu'on puisse dire, c'est que le sujet est important, et que Klotz parvient parfaitement à rendre compte de cet enfer du quotidien, ce profond désespoir des vies bafouées, anonymes, ratées, qui viennent s'échouer dans une société qui les rejette et les annule.

Paris, pratiquement privé de Blancs (à l'exception de flics hargneux, de politiques dépassés ou d'exclus d'une autre sorte), est montré à distance, en longs plans sales et gris ; les intérieurs (squatts, bus d'aéroport, ...) apparaissent dans toute leur crasse urbaine ; le jeu des acteurs, très distancé, est surtout constitué de gestes quotidiens, filmés la plupart du temps assez loin, et de longs monologues au cours desquels la caméra s'approche un peu pour filmer en plan-séquence des visages cachés dans l'obscurité. Klotz est visiblement très inspiré par Bresson, dans cette description clinique des min18394296_w434_h289_q80uscules choses (traîner un caddie sur des cailloux, attendre des papiers, changer de vêtements...). Mais il n'a peut-être pas toujours la bonne distance par rapport à tout ça : là où Bresson faisait de ses mises à plat un manifeste esthétique, Klotz semble ne parvenir qu'à copier le maître, cherchant désespérément, dans des cadres hésitants et peu inspirés, à radicaliser un film qui n'avait certes pas besoin de plus d'austérité. Du coup, La Blessure est souvent assez emmerdant. Je veux bien reconnaître que tel est bien le sujet du film (l'horreur du vide, de l'attente, du rien), mais le fait est que je me suis souvent ennuyé, pas captivé par ce procédé dont on a compris les ficelles au bout de 30 mn, et qui s'étale sur 2h40. Pourtant la durée est justifiée, il fallait cette longueur pour parvenir à toucher du doigt ce qui fait l'odieux de ce monde moderne. Mais voilà, j'ai trouvé le temps un peu long.

18394297_w434_h289_q80Souvent, très souvent, la justesse pointe son nez dans ce film, à défaut d'une réelle émotion. Grâce à un travail de documentation et de témoignages impeccable, Klotz parvient à nous montrer la face cachée du sort des immigrés clandestins. C'est un beau film, je dis pas. Mais manque, selon moi, la réelle motivation de cette mise en scène austère et une plus grande maîtrise formelle. Tel quel, La Blessure apparaît un peu comme un film d'étudiant qui aurait trop vu les films de Strub et de Bresson, sans en comprendre la vraie profondeur. Bof, j'ai sûrement tort, remarquez...

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