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26 mai 2007

L'Oreille (Ucho) (1970) de Karel Kachyna

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Kachyna, autre tchèque de cette nouvelle vague de l'Est, attaque lui en frontal l'univers d'un régime totalitaire - film qui fut bien entendu interdit dans cette époque pas si lontaine. Mélange de Qui a peur de Virginia Woolf? (le couple s'engueule du début à la fin) et de Big Brother is hearing you (leur maison est truffée de micro), la tension est palpable du début à la fin de ce film: l'ère de la paranoïa est en marche.

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Un couple formé d'un secrétaire d'un ministre et de sa femme méchamment avinée rentre chez lui après une fête bien arrosée en présence du président et de membres du parti. Plusieurs incidents semblent s'être passés pendant leur absence, portes laissées étrangement ouvertes, électricité coupée, sans parler de cette voiture en stationnement à quelques pas de leur maison. Ludvik, se remémorant les discussions de la soirée et les purges décidées (son ministre en particulier a sauté), rentre très rapidement dans une ère du soupçon : il brûle tous les papiers et divers dossiers pouvant le compromettre, s'attendant à tout moment à voir débarquer chez lui ces hommes qui rôdent dans son jardin. La pénombre du lieu rajoute à l'angoisse et les constantes remontrances de sa femme (ils devraient célébrer leur dix ans de mariage) ne détendent en rien l'atmosphère. Kachyna entremêle son récit de flash-back se passant durant cette fête filmée en partie en caméra subjective, et dont l'ambiance presque surréaliste (musique stressante, débauche de gens ivres, filles faciles qui défilent dans un rire...) tranche avec la réalité de l'instant -même le téléphone a été coupé- et la prise de conscience d'un danger immédiat : toutes les petites phrases font soudainement sens ("Pourquoi Machine voulait-elle savoir si notre maison était froide en hiver?") et plutôt que de faire corps ensemble, les deux partenaires déversent l'un sur l'autre leur agressivité, comme des bêtes sauvages affolées. La visite d'une bande de potes du gouvernement complètement pétés n'arrange rien - peut-être sont-ils venus finir le travail et placer d'autres micros -, et toutes les pires suspicions sur son avenir peuvent se lire dans le regard de Ludvik qui commencent à entrevoir sa possible arrestation... Même si la fin pourrait apporter une sorte de soulagement, l'ultime image arrêtée sur nos deux personnages face caméra, nous fait prendre conscience à quel point ce règne de la peur ne fait jamais que réellement commencer pour eux. Brrrrrrrrrrrrrr.....

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Grâce à un montage particulièrement efficace - on suit notre couple pratiquement en temps réel durant cette longue nuit -, grâce à une dynamique évidente - les tensions internes dans le couple ne faisant que refléter les tensions invisibles de cet "ennemi" qui écoute sans se montrer - , Kachyna signe un film brut, sans concession -son scénariste était membre du parti-, un témoignage d'autant plus éprouvant du système totalitaire qu'il fut tourné alors même que l'armée soviétique était dans les rues. Bon, je vais faire un tour aux toilettes pour voir ce qui coince la chasse d'eau.

Commentaires
M
ps: désolé pour les fautes d'ortographe, je ne suis pas de langue maternelle française mais j'y travaille dessus... ;o)
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M
Démonstratif, plutôt didactique, le film n'a comme qualité que son courage politique et sa véhémence démystificatrice. On est loin de la finesse qui caractérisa la nouvelle vague tchèque dont ce film ne semble pas vraiment faire partie mais dont le courage dépasse "The party and his guests" (Nemec). En fait, je crois n'avoir jamais vu un film est-européen (de l'époque!) dénoncer de manière aussi explicite l'autoritarisme, la terreur et la culture du soupçon des systèmes totalitaires communistes. Au de là de ça, plein de lourdeurs scénaristiques, la femme d'un espèce de ministre, agaçante à souhait, qui ne se rend compte qu'au bout d'une demi heure de film que quelque chose ne tourne pas rond et continue d'harceler le mari avec des question idiotes telles: pourquoi devrais-je faire ça? pourquoi me demandes-tu de faire ça? pourquoi ne ferais-je pas ça? etc.. Pour que la lourdeur scénaristique ne retombe pas (c'est tout l'enjeu du film), à aucun moment au mari ne vient à l'esprit de raisonner cette femme-harpie en lui explicant, par exemple, la gravité de la situation, qu'elle a visiblement (et assez étonnament) du mal à saisir. Les flash-back dont le film est parsemé, à l'air vaguement (et disons-le, faussement) halluciné nous aident un tout petit peu à sortir de l'ennui d'un scénario dont on a tout compris, nous les spectateurs!, tous depuis le début, dans un film qui se voudrait un thriller et qui ne l'est pas. Bien sûr à nos amis qui imaginent, à juste titre, d'être espionnés, il ne vient pas à l'esprit de chercher ces "oreilles du parti" qui sont probablement cachées par ici par là. Ils les trouveront par hasard, pressque pas cachées, comme ça, par terre(les tchèques, passeraient-ils un coup de balais tous les six mois?). A aucune moment à la femme de ce fonctionnaire d'état vient à l'esprit qu'il faudrait peut-être se raisonner, que peut-être les invités inopportuns cachent quelque chose de louche, qu'il n'est peut-être pas le moment d'appeler par téléphone un autre fonctionnaire qui vient de se faire kidnapper par le kgb tchèque. Bref, le film dénonce le stalinisme de manière bien lourdingue mais surtout stimule la mysoginie latente du spectateur en l'incitant malsainement à souhaiter une explosion de violences conjugales... bof bof bof.
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