A Scanner Darkly de Richard Linklater (2006)
Enième adaptation d’un roman de Philip K. Dick, ce film au procédé graphique déjà vu dans Waking Life fonctionne assez bien, même si au final il n’apporte pas grand chose : dans la séquence d’ouverture quand l’un des personnages hallucine en se croyant dévoré par des bébêtes vertes qui courent de partout ou lorsque Keanu Reaves se retrouve sous sa combinaison qui le fait changer toute les 2 secondes d’apparence, on comprend ce que ces dessins plaqués sur du vivant peuvent apporter en plus… mais bon, cela demeure au final assez sous-exploité. Une histoire donc d’un agent anti-drogue drogué lui-même avec un double rebondissement final assez inattendu (K. Dick quoi) mais avant d’en arriver là, on s’enlise un peu dans un scénario tiré en longueur. Certes l’ultra-speedé Robert Downey Jr et le fou furieux Woody Harrelson contrastent avec les personnages dépressifs joué par Keanu Reaves et Wynona Rider (ben ouais elle existe encore tiens !) mais malgré quelques délires visuels dûs à cette fameuse drogue qui détruit le sens de la perception, on ronge un peu son frein : et où veux-t-on en venir alors ? Ah il fallait piéger un agent pour qu’il s’infiltre lui-même, malgré-lui, (faut avoir fait math-sup pour pas laisser tomber au milieu) chez les vrais méchants !!! Bon. Joli ou plutôt original mais pas de quoi s’extasier, hein. (Shang - 04/01/07)
Eh ben voilà, on se laisse émouvoir par la 1000ème de notre blog irascible et précieux, on se méfie pas, et on regarde n'importe quel film qui vous tombe sous les yeux pour inscrire le 1001ème. Etonnez-vous qu'on tombe sur une bouse, dans ces conditions.
A Scanner Darkly représente à peu près tout ce que je déteste dans le cinéma : scénario prétentieux et vain, acteurs en vrille, rythmes impossibles, esbrouffe à bon compte. Sur une trame à laquelle je n'ai rien compris (normal, c'est de la science-fiction, je comprends rien à la science-fiction), Linklater fait son mariole avec des dessins animés pour ados qui se veulent comme de bien entendu furieusement tendance, mais qui ne font que mettre en relief son peu d'imagination visuelle. Les acteurs étaient déjà super-fades à l'origine (mais il faut dire qu'avec Keanu Reeves et Robert Downey Jr, le gars tendait le bâton pour se faire matraquer), mais en plus on décide de les "re-dessiner". Ca a dû être franchement laborieux, je dis pas, mais le résultat est infâme. Les moches dessins gomment encore plus le peu d'expréssivité des gusses, contraints à surjouer pour que leurs 3 expressions passent la rampe. Vous imaginez ce que ça donne quand Downey Jr surjoue ? Eh bien c'est pire. On est dans l'école Achille Zavatta, d'autant que la teneur des rôles (des junkies accros à une drogue improbable) les oblige à encore plus de singeries. Quand reeves est affublé d'une panoplie qui le fait changer de visage toutes les secondes (parce que c'est un agent, faut pas qu'on le reconnaisse, vous comprenez ?), c'est encore là qu'il est le mieux. D'ailleurs, cette panoplie est ridicule : si elle changeait toutes les heures, ça serait plus reposant pour les yeux du spectateur, et l'effet sur les méchants drogués serait le même, non ?
Ce jeu hystérique n'est jamais accompagné par la mise en scène, mortifère, traînarde, insupportablement lente et cellophanée. La musique d'ascenseur que Linklater balance en fond ajoute aux quintaux de plomb qui lestent ce film lourd comme un dimanche 6 mai à 20h01. Le seul conseil qu'on peut donner à ce type (mis à part d'essayer un autre art, il y a des places en atelier poterie), c'est d'arrêter de faire son malin, de sortir un peu voir le monde, et de réfléchir deux secondes avant d'investir des millions dans une production lisse et putassière. Un film du XXIème siècle, diable oui. (Gols - 10/05/07)