Top Hat de Mark Sandrich - 1935
Rendez-moi Gene Kelly ! Que dire de ce Top Hat poussif, lourdosse, fâde, jamais joyeux comme ont pu l'être les grandes comédies musicales hollywoodiennes ? Je ne sais pas d'où sort ce Mark Sandrich, mais l'évidence est qu'il ne connaît absolument rien au genre : rythmes affreusement pauvres, dialogues laborieux, direction d'acteurs inexistante. Avec lui, la caméra désespérément figée semble filmer en deux dimensions, à cause de la platitude des décors, du peu d'inspiration des chorégraphies. Fred Astaire, trop technicien dans ses danses, et trop grimaçant dans ses scènes de comédie, alourdit encore plus un scénario indigent, reposant sur une seule idée : un quiproquo qui fait long feu, et que n'importe quel autre scénariste aurait traité comme un simple rebondissement de trois minutes. Sandrich, lui, en fait 1h40, et c'est laborieux, allangui, jamais drôle. Le gars ne sait jamais quand couper une scène, et on assiste à un naufrage dans les tempos sur toutes les fins de scènes, où les acteurs semblent perdus dans des plans qui auraient dû se terminer 5 secondes avant.
On sourit gentiment à cette légère ambiguité sur les relations entre les couples (l'échangisme est abordé doucement, sans bruit), et à ce personnage d'épouse blasée qui regarde une autre femme se laisser séduire par son mari. Mais à part cette subtilité, qui n'est d'ailleurs pas menée jusqu'au bout de sa logique, le film se traîne désespérément. Les chorégraphies sont plates, avec ces espèces de ballets ringards trop préparés, manquant de fantaisie, trop carrées. Bien qu'engoncée dans des robes ridicules, Ginger Rogers, dans les parties dansées, s'en tire un peu mieux que son partenaire, elle est un peu plus libérée dans ses mouvements, apporte une touche supplémentaire d'humour. Mais tout ça donne l'impression d'un film sous vide avec la mention "prêt à livrer" collée sur l'étiquette. Un naufrage, qui permet tout de même de se rappeler l'immortel génie d'un Gene Kelly, qui, lui, savait faire voler en éclat tous les cadres, toutes les conventions de la danse, et savait surtout ce qu'était la légèreté. Ca, un classique ? Au secours !