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13 mars 2007

Macbeth d'Orson Welles - 1948

welles

Sauf l'immense respect que je dois à Orson, il me semble quand même que son Macbeth a un peu vieilli. L'esthétique du film, si elle est très fidèle à l'imagerie habituelle du gars, me semble un peu trop solennelle, pas passionnante. Les sorcières sont traitées en sorcières (voix criardes, brume inquiétante, silhouettes en hâillons, rires grinçants), la langue de Shakespeare est ridiculement emphatique, le tonnerre gronde comme il se doit, les seconds rôles sont pauvres en imagination... Welles semble se souvenir un peu trop de ses mises en scène de théâtre pour que sa vision du texte passe réellement l'épreuve de l'écran. Du coup, c'est affreux, mais on s'ennuie pas mal pendant ce film, qui rappelle parfois le sale temps du théâtre à la télé.

welles_lastwitches_small

Bon, il y a tout de même des tas de choses bien là-dedans : le décor, même s'il est lui aussi trop théâtral, est original, une grotte troglodytique improbable que Welles utilise dans toutes ses possibilités ; une Lady Macbeth assez originale, qui ne se prive pas de quelques sourires lumineux là où on attendait une amertume sinistre ; un joli re-montage de la pièce de Shakespeare, qui traite les fameux monologues ("Demain, demain, demain"... quelle merveille) avec une morgue jouissive. Et puis surtout, bien sûr, la mise en scène toujours extraordinaire d'Orson, qui se permet des plans-séquences de sa race parfaitement tenus (le meurtre de Duncan et ses conséquences sont montrés sans coupe, dans toute l'horreur de leur déroulement), des lumières tout en contre-jour qui donne de la puissance même à une hallebarde, des contre-plongées ahurissantes (ah les fameux plafonds de Welles !), des effets sonores du plus bel effet (qui là aussi rapprochent le film du théâtre, de l'artifice).

macbeth5

Dommage qu'avec un tel génie, Welles ne soit pas parvenu à donner une autre vision de la pièce. Même son jeu à lui est un peu trop, notamment dans tout le milieu du film (un creux dans le texte, reconnaissons-le), où il a beaucoup de mal à ne pas surjouer la folie et l'alcoolisme. Il semble très inspiré par la musique et les images shakespeariennes, mais on sent déjà pointer cette mégalomanie qui fera sa réputation dans ses dernières années, et qui handicape son jeu. Tropmaquillé, il se déplace et parle avec trop d'application, trop d'esbrouffe. On a l'impression qu'il a bien capté tout le côté solennel des pièces de Shakespeare, sans en capter la trivialité, la vulgarité (défaut qu'il corrigera avec brio dans Chimes at Midnight). Bref, je préfère la version de Kurosawa, parce qu'elle est indéniablement plus personnelle que cet exercice un peu scolaire.

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