Darkness de Jaume Balagueró - 2003
Autant j'avais été assez convaincu par Fragile, film intéressant justement par son travail sur les mécanismes du cinéma d'horreur, autant, pour le coup, Darkness s'enfonce trop profondément dans les clichés du genre pour convaincre. On connaît toutes les ficelles employées par Balagueró : les ombres qui passent au premier plan dans un trait strident de violon, le plan subjectif du petit garçon qui regarde les ténèbres sous son lit, la main ensanglantée qui raye une vitre, les visions étranges, la maison envoûtante, la folie des personnages... On peut penser que, oui, pourquoi pas, on peut se permettre de faire une variation sur ces codes, en essayant de déceler s'ils sont toujours efficaces. Mais le fait est qu'on en vient à tout savoir de ce qui va nous arriver dans ce film ennuyeux et bâclé.
Les références deviennent vite étouffantes dans Darkness : la plus évidente semble être, à nouveau, Shining, à travers ce personnage de paternel qui pète les plombs sous l'emprise maléfique de sa maison. Mais Nicholson (ou Sam Neill dans les Carpenter) avait compris qu'une vraie terreur naît d'un subtil mélange entre fureur et burlesque, chose que ce pâle acteur n'a pas compris. Du coup, son personnage n'est jamais effrayant, il se débat seulement dans le filet d'un rôle trop caricatural. A ses côtés, les autres acteurs suivent le mouvement : le gamin-victime (figure décidément inévitable du cinéma d'horreur, ça finit par lasser) joue le gamin-victime, point barre, éternellement de la même façon que les autres ; l'ado concernée, gavante de sérieux, et son petit copain qui mène une enquête à la Columbo en trois coups de cuillère à pot, sont crédibles comme je suis cul-de-jatte ; le sombre personnage-autour-duquel-tout-tourne (ici, un architecte à la con) est comme d'hab boiteux, solitaire, poussiéreux et austère... Bref, que du déjà vu, y compris dans les effets horrifiques, tellement balisés qu'ils en deviennent innocents. On sait toujours quand le gars va nous balancer une vision horrible (dans le miroir de l'armoire, derrière la fenêtre là-bas au fond, sous l'escalier...) et on bâille en attendant le coup de théâtre final, qui arrive d'ailleurs mollement. Balagueró ne sait absolument pas quoi filmer en attendant la chute, et se contente de nous dévoiler toutes les 10 minutes (pour coller aux coupures de pub de la télé ricaine ?) un peu plus son monstre et son scénario. Trop vu. Déjà dépassé. Très naze.