Noblesse Oblige (Kind Hearts and Coronets) (1949) de Robert Hamer
L’humour noir anglais fait rage à tous les étages dans ce film plein de tact et de grincements de dents caustiques. Louis, un lointain héritier abandonné (Dennis Price, with a great English touch) décide de se débarrasser des 12 personnes qui le précèdent pour pouvoir accéder au titre de comte (8, dont une femme, sont joués par l’inénarrable Alec Guiness qui nous fait des prestations à la Peter Sellers). Si le hasard fait bien les choses (épidémie de choléra, accident divers), il doit mettre la main à la pâte pour précipiter le destin de certains : noyade, empoisonnement, explosions diverses, tir à l’arc sur une montgolfière (…), rien ne l’arrête sur son chemin. Il vit parallèlement une histoire d’amour avec la jeune et belle Sibella - son amour d’enfance qui l’a ignoré pour un garçon à l’avenir plus prometteur - et une longiligne comtesse dont le mari a trouvé la mort dans son laboratoire photo suite à une petite manipulation accidentelle… A mesure que les têtes tombent, sa progression sociale évolue, au même rythme d’ailleurs que la jalousie de Sibella qui commence à se mordre les doigts de son choix passé. Et quand il se retrouve accusé de meurtre, ce n’est autre que de celui de l’ancien mari de Sibella dans lequel il n’est bien pour rien. Un ultime retournement de situation peu de temps avant sa condamnation à mort tenterait de nous prouver que décidément il n’y a point de justice… Robert Hamer sans jamais trop chercher à forcer le trait de ses personnages, parvient à trouver un ton très acerbe et nous régale de bout en bout par cette histoire constamment sur le fil du rasoir. Un flegme très britannique pour une histoire très amorale, les injustices dont est victime Louis (à sa naissance et lors du procès) faisant très bien passer les multiples meurtres qu’il met en place d’un air détaché. De jolis gros plans vers la fin du film sur Sibella ainsi qu’une discussion entre Louis et Sibella chez ce dernier montée sous de multiples angles, l’intérêt étant surtout dans cette constante pointe d’ironie qui traverse le film. A noter une fin alternative américaine du genre « le crime ne paie pas » qui tue l’esprit de l’œuvre. Disons-le pour conclure, Hamer frappe fort.