Cars de John Lasseter - 2006
Lightning Mc Queen est une petite voiture rouge qui se la pète. Son arrogance lui fait d'ailleurs perdre l'ultime course et une grande finale est organisée en Californie. En route elle échouera dans une petite bourgade, qui a connu des jours meilleurs à l'époque de la Road 66 mais qui est tombée bien bas depuis la création d'une autoroute à quelques kilomètres. C'est un peu comme la ville de Moulins sur la route de Paris -forcément, je me sens un peu concerné - où la grande époque des garages a pris fin (c'est une lecture toute subjective). Bref Mc Queen -condamné à refaire la route pour l'avoir dégueunillée- va malgré sa fierté initiale trouver une bande de potes ainsi qu'une chtite donzelle de Porche et un vieux de la vieille (Paul Newman en buick, son meilleur rôle depuis longtemps). C'est du classique dans le genre "le retour à la source est toujours profitable", "ah le bon vieux temps avec de vraies valeurs de camaraderie, quand les gens prenaient le temps de vivre", un petit côté désuet assez sympathique finalement, assez paradoxal vu la maestria des effets (peut-on parler encore de "dessins-animés" à ce niveau-là... c'est po Bambi pour sûr). Quelques gros morceaux de bravoures (les crashs sur le circuit et ces scènes de délire avec les tracteurs-vaches cons comme des balais), même si Lasseter prend toujours le temps, malgré un départ canon à 3000 à l'heure, de poser son intrigue et ses personnages - alors oui un côté "vieille amérique perdue" un peu pathétique, une certaine facilité dans les ficelles scénaristiques (on devine toujours comment l'histoire va évoluer) mais ne soyons po bonnet de laine, Cars restant moins lourd que le Bibendum Michelin. (Shang - 31/10/06)
C'est quand même incroyable la quantité de merde qu'on fait bouffer à nos enfants. L'industrie alimentaire et celle du jouet ne suffisant plus au décervelage de nos chères têtes blondes, voilà que depuis quelques temps on s'attaque à elles par le cinéma. Cars est une infâme bouillie droitiste, livrée à l'autel du mondialisme, de la crétinerie et du zapping. Sous prétexte d'un soit-disant éloge de la lenteur, où on voudrait nous faire croire que les vraies valeurs se trouvent dans la nature, l'ancien temps et la camaraderie, Lasseter pond une forme d'une laideur insigne, où l'épilepsie fait figure de manifeste esthétique. Le bruit et la fureur, le speed et la crasse semblent bien être ses seules références en matière de bon goût. Et, je voudrais pas jouer au vieux con, mais ça semble bien être l'opinion de la majorité de la création cinématographique américaine récente, ainsi que celle du public, vu le succès de la chose. En tout cas, on sort de Cars avec une migraine carabinée et l'impression d'avoir subi une suite d'images subliminales montées comme une crise de nerfs. Les jeux vidéo ont décidément fait bien des ravages. Tonitruant, schyzophrénique, horriblement mal raconté, ce film cède tout aux sirènes du succès facile, tout en tentant insidieusement de raconter le contraire de ce qu'il montre : si vraiment la vérité se trouve dans la beauté des choses de l'ancien temps, comme le sous-entend le discours tendance texanne du film, pourquoi nous livrer ce feu d'artifices de 4000 plans/seconde ? Pourquoi nous obliger à pousser des "oh" et des "ah" devant une Amérique reconstituée en images de synthèse ?
Le discours du film est en accord complet avec son esthétique, et c'est bien là la seule honnêteté de Cars. Rhâââ le bon vieux temps de la Road 66, où on savait prendre une pause avant de reprendre la route ! Rhâââ les vraies valeurs de fraternité, de respect des anciens, de l'amour sans sexe et du bon sens rural ! Parmi tous les sponsors assumés du film (tous des profiteurs anti-écolos notoires, passons), il y en a de plus cachés : le lobby mondialiste (que Lasseter prend cyniquement soin d'épingler en parlant de l'essence sans plomb bloquée par les industriels, ou comment retourner sa veste en 3 secondes) et la communauté bien-pensante de l'Amérique profonde... A vomir. Et comme d'habitude, les productions Disney n'oublient pas que ce sont les parents qui tiennent le porte-monnaie: elles piétinent donc allègrement le jeune public pour nous servir des plaisanteries finaudes et des clins d'oeil que le public visé (les enfants) est incapablesde piger. A quand un film de Disney qui prenne vraiment en compte les enfants, qui tente de rentrer dans leur univers sans tenir compte de leurs parents ? Comprenons-nous bien : je ne suis pas du tout fan de Bambi et autres niaiseries mielleuses du passé. Je voudrais juste qu'on arrête de prendre les mômes pour des crétins à hypnotiser à coups d'images colorées et de discours douteux, et qu'on prépare enfin les adultes qu'ils seront bientôt à d'autres codes esthétiques que ceux de PlayStation... Je m'en vais chercher un DVD de Jacques Tati à offrir à mes neveux. (Gols - 06/01/07)