The Host (Gwoemul) (2006) de Joon-Ho Bong
Franchement, je ne comprends pas trop pourquoi les critiques françaises hurlent quasiment au génie sur The Host. Qu'on soit bien d'accord : c'est un film très agréable, assez taquin, drôle, et bluffant... mais c'est très loin du génie. La grande force de Bong, c'est de travailler sur le film de genre (ici, le film d'horreur), et d'en réinventer les formes tout en en respectant les codes. Un peu comme si Sergio Leone avait réalisé Godzilla, si vous voulez.
Soit donc un monstre marin, mutant et visqueux, vivant dans un fleuve en plein centre de Séoul. Un jour, un poil affamé, il sort du fleuve, dévore une trentaine de personnes et embarque une fillette. La famille de ladite gamine va tout faire pour la retrouver. Pour l'instant, on est en terrain connu : la critique du laisser-aller écologique qui mène à des catastrophes (la bête est née de la négligence d'un hôpital qui a deversé des produits chimiques dans le fleuve). Mais Bong va tirer sur ce fil au maximum, allant jusqu'aux manifestations écolos, jusqu'aux mensonges des américains sur la menace d'un virus (le SRAS de Bush est carrément cité), jusqu'aux expériences de trépannement (comme ça qu'on dit ?) sur l'homme qu'on croit atteint de la même mutation génétique. Tout ça est assez osé et malpoli pour être intéressant et drôle.
L'autre grande force du film, c'est les personnages, tous anti-héros et très bien dessinés : le père de la
fillette, idiot léger qui dort tout le temps ; sa soeur, championne de tir à l'arc, mais trop lente pour la médaille d'or ; son frère, alcoolo bagarreur et fan de cocktails molotov (jolies allusions aux révoltes étudiantes) ; son père, digne patriarche. L'équipe fonctionne très bien, notamment dans cette scène de douleur du début, surjouée comme seuls les asiatiques savent le faire, et très impressionnante. Et puis
la résolution finale, jouissive dans ses enchaînements, où la famille se reconstitue alors qu'on la croyait détruite. La bestiole est assez convaincante par ailleurs, le film parfois effrayant (le monstre qui vomit une tonne d'ossements humains, très class), le tout est joliment mis en scène et adopte un ton décalé tout à fait (im)pertinent. Voilà... Maintenant, ça reste un pur divertissement là où Bong aurait pu tenter le film politique et l'allégorie plus profondément. Encore une certaine frilosité dans le propos, mais on sent que ça vient. (Gols - 27/11/06)
Tout pareil que mon éminent collègue, une agréable série B, mais vraiment pas de quoi sauter au plafond; après une première partie assez poilante grâce aux personnages qui tirent tous des tronches d'ahuris et les quelques piquouses anti-américaines de base, on reste vraiment sur notre faim - pas de quoi vomir non plus des monceaux d'os comme la bête, mais rien de vraiment captivant ou de vraiment nouveau sur la planète frisson-coréenne. On tombe parfois même dans une certaine facilité (ce monstre, fusil, ils ont repris des plans d'Alien, non?) ce qui peut permettre d'expliquer un tel succès au box-office national. Bien déçu ma foi. (pour la petite histoire, c'est grâce à la photo de l'affiche coréenne dans l'article du Bibice que j'ai pu trouver le film chez mon vendeur; ben ouais, après on croit que c'est juste pour faire le kakou, point du tout!!!) (Shang - 07/12/06)