LIVRE : Après le Tremblement de Terre d'Haruki Murakami - 2002
"Mais les nouvelles, tu vois, comme forme littéraire, c'est à peu près aussi suranné que les bouliers", lance le héros-écrivain de la dernière nouvelle de ce recueil de six. Pas sûr mon gars, car la semaine dernière, voulant régler un léger mal de tête avant mon footing, je suis entré dans une pharmacie (normal) et quand j'ai donné mon petit billet de 10 yuans quelle ne fut pas ma surprise de voir l'"apothicaire" calculer sur son boulier la monnaie à me rendre (elle a dû en voir des trucs en 150 ans d'existence en Chine, la bougresse). Bref, et Murakami, livre ici quelques jolis contes inspirés de ce tremblement de Terre de Kobe qui l'a bouleversé au point de le faire revenir au Japon. Qu'un crapaud demande à un employé de banque toute sa coopération pour combattre Lelombric qui, en se réveillant, risque de provoquer un séisme, qu'une femme quitte soudainement son mari qu'elle considère comme une "bulle d'air" ou encore, dans la dernière nouvelle - la meilleure à mes yeux - qu'un homme demande à son meilleur pote d'épouser sa femme avec laquelle ils ont passé toute leur jeunesse, on retrouve toute l'imagination débridée (ouais pas fait gaffe) et la verve comique de l'Haruki. C'est toujours un plaisir de découvrir chez cet auteur immense des phobies d'un autre monde - "[Je vais mourir] enfermé dans un Frigidaire. Ca arrive souvent dans les faits divers, non? Un enfant qui joue avec un frigo abandonné, il rentre dedans, la porte se referme et il meurt étouffé à l'intérieur. Voilà comment je me vois mourir."; des questionnements existentiels: "Moi, j'ai prié pour parvenir à attraper correctement une balle au vol, et Dieu m'a répondu en me donnant un pénis plus grand que tous les autres. Quel est ce monde où se déroulent de si étranges transactions?"; ou encore des réflexions d'une grande sagesse orientale: "Désormais, il faut que vous vous prépariez à dormir en paix. A l'avenir, si vous consacrez toutes vos forces uniquement à vivre, vous ne pourrez pas mourir comme il faut le moment venu. Il faut changer la direction petit à petit. Vivre et mourir ont une importance égale en un sens...". Comme c'est les vacances d'ailleurs pour une petite semaine Kafka sur le rivage pourrait bien y passer - ensuite, je crois que j'en aurais fini avec son oeuvre actuelle, donc je vois plus trop l'intérêt des vacances...