Time (Shi gan) (2006) de Ki-Duk Kim
Petite avant-première (il faudra attendre janvier 2007 en France) du dernier film de Kim Ki-Duk. Si l'on ne retrouve jamais la magie de Locataires, il y a tout de même un fond de réflexion wongkarwaien qui vaut le détour, la mise en scène dans l'ensemble étant tout de même légèrement décevante.
Pourquoi en amour se lasse-t-on si rapidement des corps (c'est lui qui le dit, attention...) alors qu'une fois que cet amour est perdu, l'on demeure obstiné par l'être aimé? Sûrement une question de temps... (de la routine quotidienne à la nostalgie - ah ben ouais d'où le titre). Il s'agit bel et bien d'un cercle vicieux que la construction du film illustre parfaitement. Une femme va jusqu'à changer de visage pour reconquérir l'être aimé, celui-là se trouvant dans une situation cornélienne entre l'attraction de ce corps et la trahison de son passé. On se croirait parfois un peu dans Nip/Tuck, vu la place que prend la chirurgie esthétique dans le film, Kim Ki-Duk jouant un peu à l'infinie de la variation du changement d'enveloppe physique (posant le douloureux problème de ce qu'on aime vraiment chez un individu...). Il finit parfois par perdre un peu le spectateur qui s'attend à de multiples retournements de situation - "Bon la gonzesse, c'est qui, elle ou une autre?????". Si certains passages sont à la hauteur de son esthétique poétique - cette magnifique sculpture en bord de mer, lieu symbolique de toutes les rencontres -, les multiples discussions au café et les crises de jalousie à répétition finissent un peu par lasser: ses personnages s'agitent un peu dans tous les sens sans jamais vraiment évoquer le fond du problème (que recherchent-ils vraiment dans leur relation?), comme si Kim Ki-Duk avait décidé de botter en touche.
Du coup, si l'idée de départ était séduisante, on finit avec un film qui a du mal à vraiment décoller voire devient un peu laborieux - à trop vouloir coller au quotidien de ses personnages (attente, coucherie, jalousie, désespoir) l'impression de déjà vu n'est jamais loin (au sein même du film et dans d'autres...). Dommage car on risque encore de lui reprocher de tourner plus vite que son ombre -et autour du pot - au lieu de s'impliquer corps et âme dans un projet.