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21 octobre 2006

Mala Noche de Gus Van Sant - 1986

18653393Bon, ben voilà, la curiosité du moment a été vue par un des rédacteurs de ce blog. Mala Noche est sympa, c'est exactement la même émotion (et presque le même film) que pour The Big Shave de Scorsese, Permanent Vacation de Jarmusch, Eraserhead de Lynch ou encore Icarus de De Palma... bref comme tous ces premiers films de grands réalisateurs, on regarde ça avec l'oeil compatissant du spectateur qui sait ce qu'ils vont devenir.

Comme tout le monde, Van Sant produit un film très "arty", où le style se veut voyant, un film volontaire et "extraverti" qui fait merveille. Au niveau de l'image, c'est pratiquement irregardable : le noir et blanc, cradasse, sans contrastes, a pour résultat d'effacer les 3/4 de l'écran. Les bords de l'image sont en noir complet, et on distingue au centre de l'écran des formes, floues, heurtées, mobiles, dans lesquelles on reconnaît vaguement les personnages, les actions. Ca, c'est pour les scènes de nuit. Les scènes de jour sont elles assez nettes, baignées de soleil. A noter que les sous-titres, également, sont illisibles, puisque présentés en blanc sur blanc. Tout ça pourrait être gavant, mais je vous l'ai dit, on est bienveillant, et c'est juste délicieusement fashion, et mignonettement audacieux.

Niveau scénario, ça sent le Van Sant de très loin : il s'agit des errances amoureuses d'un jeune mec (très18668998 beau et très émouvant Tim Streeter) qui tombe raide dingue d'un tout jeune mexicain indolent, sauvageon et irresponsable, un de ces types qui file des insomnies à Sarko. C'est surtout un joli essai sur l'amour tout court, sur l'aveuglement, la perte de la personnalité et l'humiliation amoureuse. Dans un rythme très saccadé, Van Sant filme les corps qui se choquent (ou ne se rencontrent pas, le plus souvent, Van Sant est aussi un type qui filme la frustration), les petites combines, les bagarres hilares de gosses des rues, et puis aussi la petite vie des Américains moyens (qui 18616226achètent tous, à un moment ou à un autre, allez savoir pourquoi, de la crème anti-champignons). Il y a de magnifiques scènes, qui prennent bien leur temps pour s'installer (notamment la longue séquence où le Mexicain s'amuse à faire croire à Walt qu'il l'abandonne sur la route), il y a une compréhension du désir sexuel qui est déjà bien en place, il y a cette fameuse fascination pour les ados qui marquera le cinéma de Van Sant dans son ensemble, il y a une musique à la Paris Texas qui est parfaite. Bref, c'est déjà du très bon cinéma, sans hurler au génie. Et puis la fin (qui a rendu folle furieuse ma voisine de droite) est poilante, puisque le gars arrête son film en plein milieu ("zou rentrez chez vous j'ai plus d'argent pour terminer"). Toute une époque.

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