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9 octobre 2006

LIVRE : King Kong Théorie de Virginie Despentes - 2006

Sans_titrePas que je sois un grand fan de Despentes, mais j’avoue que les premières pages de ce nouveau bouquin m’avaient intrigué, une sorte de profession de foi de la femme moyenne, ni fatale ni immonde, ni géniale ni tâche. Dans ces quelques lignes, l’efficacité de Despentes est totale, on reconnaît son style dans son meilleur : frontal, destructeur, et très souvent touchant juste là où ça fait mal.

 

Ensuite, on a droit à un essai sur la féminité, à travers une autobiographie sèche comme un coup de trique (c’est le cas de le dire) : le viol, la prostitution occasionnelle, l’écriture et la mise en film de Baise Moi. Avec des phrases extraordinairement carrées et rentre-dedans, Despentes décrit sa vision du combat pour la libération de la femme. Et il faut avouer que tout le monde en prend plein la tête : en premier lieu bien sûr, les hommes, qui véhiculent un sentiment atavique de soumission féminine, et qui fuiraient (selon l’auteur) une attirance pour l’homosexualité dans l’exploitation des femmes. Mais Despentes massacre également les femmes elles-mêmes, dans leur acceptation irréfléchie de cette domination, dans leur obéissance aveugle aux lois sociales rétrogrades faisant le distinguo entre « virilité et puissance masculine » d’une part, et « fragilité féminine » d’autre part. Les médias ne sont pas oubliés, non plus que l’entertainment en général, les écrivains, Florence Aubenas, Simone de Beauvoir, la presse féminine et les mauvais films pornos. A noter aussi une théorie toute personnelle mais parfaitement crédible du King-Kong de Peter Jackson. On bondit presque à chaque page, devant les audaces, non seulement d’écriture, mais aussi de fond de la Virginie.

 

Alors… je ne sais pas, j’avoue que je ne sais pas. Les théories de Despentes sont tellement radicales, tellement novatrices dans ce qu’elles défendent (la prostitution consentie, le droit de ne pas se plaindre après un viol, la pornographie comme manifeste féministe…) qu’un trouble total surgit. A-t-on droit à une énième vision féminine de la féminité ? Ou assiste-t-on à un manifeste puissamment original pour la femme moderne, qui se libérerait enfin des a-priori liés à son sexe ? Originalité ou intox ? Le style néo-punk de la dame peut faire douter, on a peur de se faire avoir par ces mots agressifs, de n’être ébloui que par la forme. Mais en y réfléchissant, on se dit que bien souvent, Despentes a raison dans la fond. Dans ce cas-là, on ne peut que hurler : tremblez, messieurs.

 

King-Kong Théorie est en tout cas un texte qui reste en tête, un OVNI plein de bruit et de fureur, une arme de destruction massive qui manque trop souvent à la littérature. En équivalent masculin, je ne vois que Houellebecq, c’est dire.

 

Extrait d’un discours adressé aux hommes à la fin du bouquin : « D’où cette proposition simple : allez tous vous faire enculer, avec votre condescendance à notre endroit, vos singeries de force garantie par le collectif, de protection ponctuelle ou vos manipulations de victimes, pour qui l’émancipation féminine serait difficile à supporter. Ce qui est difficile, c’est encore d’être une femme, et d’endurer toutes vos conneries. Les avantages que vous tirez de notre oppression sont en définitive piégés. Quand vous défendez vos prérogatives de mâles, vous êtes comme ces domestiques de grands hôtels qui se prennent pour les propriétaires des lieux… des larbins arrogants, et c’est tout. »

 

A faire lire aux blaireaux, c’est clair.

 

 

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