Miami Vice (2006) de Michael Mann
Eh bien les amis voici venir le moins bon film à ma connaissance de Michael Mann. Non que Miami Vice soit totalement dénué d'intérêt, mais on y retrouve tous les défauts de Mann sans y trouver les habituelles qualités.
Côté personnages d'abord, gros bug. Je ne connais pas la série d'origine, mais j'ose espérer que les deux héros étaient d'une autre épaisseur que ceux de 2006. Totalement dénués de psychologie, Foxx et Farrell sont de simples ombres qui traversent le film, des spectres auxquels on ne s'attache jamais. C'est franchement étrange de constater que, bien qu'ils aient de nombreuses scènes ensemble, ils n'ont aucun vrai dialogue (à l'exception d'une courte scène, jolie, pendant laquelle ils préparent un assaut). Les deux personnages vivent en parallèle, sans que leurs routes se croisent jamais. Ca pourrait être intéressant, me direz-vous, mais ça ne fonctionne pas. On sait bien que Mann n'est pas un cinéaste fan de psycho, mais d'habitude, il arrive à rendre attachants ses personnages, ce qu'il rate ici. Du coup, et c'est une première dans son cinéma, les femmes s'en tirent bien mieux. Je hurlais à qui voulait l'entendre que Mann ne connaissait rien aux femmes (les nanas de Heat sont nulles, par exemple) : Miami Vice est le contre-exemple. Gong Li est très très bien en femme d'affaires vénale mais romantique, sans pitié et pourtant amoureuse. Le premier sourire qu'elle décoche, après 3/4 d'heure de film, est à mourir. Face à elle, Farrell (que la moustache rend obèse) est pâlichon comme tout, et Foxx (que j'aime beaucoup d'habitude) n'a rien à jouer.
Côté mise en scène, raté aussi. Nulle trace ici de l'amour de Mann pour les décors urbains, nulle trace de ces rythmes langoureux et jazzy qu'il mettait en place dans Collateral ou The Insider, nulle trace de cette ampleur chorégraphique modeste et contemporaine qu'il avait inventée. Miami Vice est très étrangement filmé, avec des focales très courtes qui déforment les visages des acteurs (pauvre Farrell, 60 livres de plus en gros plan), avec une caméra à l'épaule à 90% du temps, qui fait sautiller les plans et les acteurs en permanence (y compris dans les dialogues intimes), avec des flous complètement illogiques sur les premiers plans (la mise au point se fait sur les palmiers agités par le vent, en fond d'écran). On voit que Mann a bien regardé les images d'actualité (notamment pendant la fusillade finale), et qu'il tente de donner une esthétique contemporaine à la série des années 80. Mais du coup, son film devient très laid et assez pénible à regarder, comme s'il avait voulu combler le manque d'énergie de ses personnages par de la nervosité fabriquée. Le montage est dans le même style, avec des plans très courts et une façon de raconter dans l'urgence qui zappe tout détail superflu. Là encore, ça peut marcher, mais ce n'est pas Michael Mann, d'où un manque de conviction dans ce style qui saute aux yeux. Il y a une scène, où Gong Li vient rejoindre Farrell dans une voiture pour lui sauter dessus, qui laisse rêveur : il y a au moins 10 cadres différents pour montrer la même chose (Farrell sur un siège), et Mann "sur-monte" tout ça avec trop d'application.
Reste que le film se laisse suivre, disons mollement. La musique, assez moche, est pourtant astucieuse dans sa volonté d'échapper au temps ; le manque d'humour total de l'ensemble fait pourtant que le film échappe aux modes des pastiches de séries (Charlie's Angels, Starsky et Hutch) ; le scénario, ultra-classique, ne fait pas dans la surenchère, et reste assez bien tenu. Bon... à voir en faisant autre chose en même temps, éventuellement. (Gols - 19/08/06)
Si les deux flics ami-ami avaient été homos, cela aurait bien simplifié le scénario et nous aurait bien épargné une heure de film. Mais bon c'est pas le cas. En revanche dès qu'ils prennent une douche (jamais ensemble donc) une créature de rêve vient les rejoindre - il faudrait faire un sondage auprès des flics à Miami pour voir si c'est une constante. Cela dit je trouve Farrell plus convaincant que dans Le Nouveau Monde - haut la main - même s'il a une fâcheuse tendance à marcher en soulevant les bras comme s'il cachait des patates ou des doubitchous sous les aisselles. Foxx est quant à lui tellement large qu'il faut un travelling circulaire de 2 km pour en faire le tour - et sous la douche c'est dur. Physiquement deux héros assez impressionnant mais il est vrai que psychologiquement, ça reste à un niveau assez bas. Pour communiquer ensemble ils se contentent souvent d'un clin d'oeil ou d'un haussement d'épaule ("Ah ouais donc tu veux prendre la fille pour pouvoir la ramener dans la maison et la faire s'échapper en bateau"... à ce niveau-là c'est de la télépathie - ou ils couchent ensemble mais on a déjà dit non). Gong Li, qui a échappé à The Banquet donc (...) et à côté de laquelle toutes les Chinoises sont des tromblons, s'en sort vraiment très bien et comme le disait Bibice, elle est bien la seule à composer un personnage de chair et de sang.
Michael Mann malgré tout continue d'exceller dans les scènes de nuit et l'arrivée en bateau rapide dans les lumières du port est assez impressionnante. La musique est quant à elle omniprésente, souvent musclée, comme pour combler tous les vides du scénario et empêcher que le spectateur s'endorme. Pourquoi pas. Ca se regarde donc mais on ne peut pas dire que l'on y puise une originalité folle - là est peut-être le vrai vice. (Shang - 01/10/06)