Le Pigeon (I Soliti Ignoti) de Mario Monicelli - 1958
Il y a comme ça des films idéaux pour les lendemains de fête, pour les coups de blues ou juste pour les coeurs légers. Le Pigeon est toujours une merveille, même après 5 ou 6 visions. Il réussit à tous les coups, là où le remake inavoué de Woody Allen, Small time crooks, avait échoué (c'est même une honte de la part de Woody de ne pas reconnaître l'influence de Monicelli : les gags sont pratiquement les mêmes, les personnages aussi, jusqu'à la musique qui est très proche).
Le casting fait rêver : Mastroianni, Gassman, Salvatori, Cardinale, Toto... N'en jetez plus, c'est tout le gratin du grand cinéma italien. La grande force du film, avant tout, c'est eux : ils sont tous hilarants, chacun avec leur caractère et leurs bassesses. Cette bande de bras-cassés, sorte de variation sur les Vittelloni de Fellini, organise un casse, qu'on sent bien foireux, et on suit la préparation, pour le moins hasardeuse, de ce cambriolage. Il y a environ 56 gags/minute, tous fins, jubilatoires, poilants. Le tout est "italianissime", avec ce caquetage incessant des personnages, ces gestes théâtraux irréels, ces tragédies quotidiennes qui ne sont que des poussières minables. Le noir et blanc, magnifique, met en valeur la beauté des rues de Rome (la plupart du temps sous la pluie, tiens). C'est accompagné d'une musique jazzy idéale, et les dialogues sont brillantissimes. Que demander de plus ?
Ajoutons que Monicelli se permet subtilement, à travers la légereté, de parler de la misère sociale de l'époque. Gassman finira même par être obligé de travailler, n'étant pas assez malin pour être un voleur. Un vrai bonheur, et Dieu sait que peu de comédies me font vraiment rire.