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18 août 2006

Le Sixième Sens (Manhunter) de Michael Mann - 1986

Pas de bol : je veux voir un vieux Michael Mann en préambule de Miami Vice, histoire de me mettre dans leManhunter_1 bain, et je tombe... sur le retour de William Petersen, acteur qui m'avait semblé être un crachat à la face des autres acteurs dans To Live and die in L.A. de Friedkin (fais-toi du mal , clique). Je m'apprête donc à sortir cette fois-ci une batte de base-ball pour vraiment mettre ma menace à éxecution, à savoir lui pêter une jambe, et puis... force m'est de reconnaître que, dirigé par Mann, ce type tient la route. Il est très bien, sombre, secret, sobre, et son personnage, bien que classique, est assez joli de mélancolie et de solitude. Je ne lui pêterai donc qu'un doigt.

Manhunter est plutôt réussi, c'est même une très agréable manhuntersurprise (c'est ce que je dis toujours des films de Mann). Comme d'habitude, le scénario n'a aucun intérêt : c'est la traque classique du flic et du serial-killer, avec son lot de rituels sordides, de fausses pistes et de chat et souris. De ce côté-là, c'est du déjà vu 45000 fois, peu importe. Non, ce qui compte, une fois de plus, c'est la véritable modernité de la mise en scène de Mann sur ces schémas hollywoodiens sur-traités. Le gars sait filmer la ville comme personne : son filmage est ample, très doux, suivant les rues, les architectures modernes avec beaucoup de grâce. Ses lumières trèscap056 soignées, blanches, grises, bleues, épousent parfaitement le style tout en "souplesse froide" de son sujet. Plus que la ville, Mann sait apprécier pleinement les bâtiments, les appartements de luxe, les pièces contemporaines. De ce point de vue, Manhunter est un mélange du beau Heat et du non moins beau Collateral. Sur des propositions très traditionnelles (le thriller et toute sa panoplie), Mann trouve son style, et ses décors dépeuplés, filmés dans des perspectives profondes et glaciales, sont parfaits.

manhunter_critique3Autre talent de Mann : sa direction d'acteurs, là encore très réussie. Le héros, donc, qui a déjà la coupe de Tom Cruise dans Collateral, est joué très tristement par un "faux flic" barbu et solitaire. Son méchant fait sensation, un John Malkovitch en encore plus malade. Il est bien dessiné, sorte de monstre en mal d'amour auquel on s'attache très vite, grâce à quelques détails de scénario qui nous le rendent proche (très belle scène où le méchant emmène la femme qu'il aime caresser un tigre). La mise en scène est impressionnante dans son rythme (toute la scène finale, très lente, sèche, toute en profondeur de champs) et dans son montage. Voilà donc un nouvel "artisan" du cinéma américain qu'il faut suivre définitivement de près.

Gardons quand même la batte de côté pour le compositeur de la musique : Michel Rubini. Ce type est dangereux.

Commentaires
G
Cher Ignacio, je viens de répondre à tes angoisses pacifistes en commentaire de The Sentinel. <br /> Pour ce qui est de Petersen (que j'ai trouvé, je le répète, plutôt bon dans Le Sixième Sens), je crois que c'est un tout qui m'a déplu dans To Live and Die in LA. Très mal dirigé, très mal costumé, et affichant une virilité totalement dépassée, il se contente d'onduler des hanches en montrant ses protubérances phalliques, et en pensant que ça fait un personnage. Du coup, il est ridicule et raté. La faute en est autant à lui qu'à Friedkin. Ce que je veux dire, c'est qu'il fait montre d'un exemple de "virilité" qui voisine plus avec le machisme insupportable des "mecs qui en ont" et là, je dis berk. Eastwood et son Harry étaient autrement plus convaincants.<br /> Quant aux compositeurs des deux musiques de films, j'ai envie de les voir se tordre de douleur comme tu as sûrement envie de la même chose quand tu écoutes un disque de Gold (Dieu t'en préserve, hein) ou "Avec le Temps" repris par Lara Fabian (ça existe), pas plus. C'est un énervement passager et irrité, que j'estime en fin de compte salutaire. Si on n'a plus le droit d'être en colère, alors que vais-je devenir ? Dois-je vraiment faire des phrases telles que "il est à remarquer que quand La Compagnie Créole chante "Au bal Masqué", le goût de l'auditeur s'en trouve quelque peu pris à partie, de par les notes criardes et les textes assez peu inspirés déployés par ce groupe d'autre part honorable"...? Non, je préfère : "Que la Compagnie Créole brûle en enfer, avec tous ses descendants pendant 7x77 générations". C'est une question de goût.
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I
Bien, bien, bien,... Toujours cette envie de fracasser la gueule de William Petersen. Tant de haine, tout cela finit quand même par être douteux. Qu'a-t-il de si déplaisant, exactement ? Je veux dire, c'est son jeu qui ne va pas, ou sa gueule, ou les deux ? Je pense qu'une vision constructive et critique - dans le bon sens du terme - servirait davantage ce blog que d'incessant appels à déglinguer ce pauvre William sans aucune autre forme de procès. Parle-nous du travail de l'acteur, de sa façon de bouger, bref... explicite cette envie de violence ! Quant à Michel Rubini, le pauvre risque lui-aussi de gouter de ta batte... même destin que Wang Chung. C'est quand même curieux ce besoin de vouloir défoncer la gueule des gens... Tant qu'à y être, autant défoncer Michael Mann lui-même, c'est quand même lui le réalisateur (et producteur aussi). Bon j'y vais... je viens d'acheter une batte de base-ball et je m'en vais défoncer la gueule de quelques acteurs qui ne me reviennent pas. So long.
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