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3 août 2006

LIVRE : Le Dit de Tianyi de François Cheng - 1998

tianyi_1_Oeuvre foisonnante qui nous emmène aux confins de la Chine des Années 30 à la fin des Années 60.

Récit d'une amitié à trois -c'est plus fort que moi, désolé-, une femme et deux hommes dont les relations ne cesseront de se faire, de se défaire pour mieux se refaire malgré toutes les contingences géographiques et historiques. Les deux amis traverseront le Sichuan à pied pour retrouver "l'Amante" - récit d'aventures qui constitue sûrement l'aspect le plus passionnant du livre -; Tianyi, alors en France, retournera en Chine dans les Années 50 pour retrouver l'Amante dont il apprendra, une fois sur place, le suicide et se fera envoyer de son propre chef dans un camp de rééducation dans l'extrême Nord pour retrouver Haolang, son ami poête qui a cru à la Révolution. Parsemé de réflexions sur la peinture, la Culture, le récit n'est en rien revanchard de l'ère Mao, il se contente tout simplement de relater les faits -les périodes de famine, la connerie et la violence des jeunes gardes rouges, la dureté maximale des camps- et nous donne à voir le destin de ces trois personnes sur un demi-siècle. D'une lecture plus que plaisante, François Cheng ayant à n'en pas douter plus de vocabulaire que la moyenne des écrivains français, le livre contient des passages assez lyriques sur les paysages de la Chine intérieure, sur la magnificience des fresques de Dunhuang ou encore donne une image très précise des conditions de vie des artistes dans le Paris d'après-guerre (Tianyi évoque le fameux hiver 54, mais point d'Abbé Pierre). Une oeuvre impressionnante donc, louable certes, mais (oui, on attendait la réserve), l'écriture de Cheng, malgré toutes ses qualités pré-citées manque... comment dire... d'un ton vraiment personnel, de... style... Oui, alors la critique est on ne peut plus facile surtout quand on écrit avec deux bras gauches, mais c'est le petit bémol, comme si au final, le livre se lisait presque "trop bien", "trop facilement" et à l'instar de mon ami Gols sur l'ami Dahl, il m'en faut parfois un peu plus. Un peu gourmand ok, d'autant que je ne connais rien à l'oeuvre poétique de Cheng.

Bref, un très beau roman, très fouillé, un condensé de trois vies exemplaires dans leur humilité mais avec une chtite pointe de réserve sur le style (son idiosyncrasie comme dirait Gide... j'essaie de me rattraper aux branches comme je peux). Sauf mon respect.

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