Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
8 mai 2006

La Maman et la Putain de Jean Eustache - 1973

mamanetlaputain03_kQuand on a un méchant chagrin d'amour (ceci pour donner de façon larvée de mes nouvelles à mon camarade Shang), qu'on est triste donc à mourir, revoir La Maman et la Putain s'avère une expérience extraordinaire. Dans tous les autres cas aussi, puisque ce film est le plus grand film de tous les temps. J'ai déjà dit ça de Vertigo, je sais, et je le redirai sûrement quand sera venu le temps de revoir Journal Intime, Les Parapluies de Cherbourg, Elephant ou La Nuit américaine, mais c'est pas de ma faute s'il y a plusieurs plus grands films de tous les temps. Fin de l'intro.

C'est un film d'une beauté hors norme, et je crois, à la revoyure, que ça vient tout simplement du fait qu'il est écrit à la première personne. On n'a pas affaire ici, comme dans les autres films, à un travail d'équipe, mais à un caractère qui s'exprime, de façon directe. Eustache mélange les citations et les anecdotes, les blagues de potache et les prises de position politique, le MLF et la bouffe, la plus grande émotion et la littérature, le cinéma et la vie. Ca donne un long journal intime, drôle, triste, extraordinairement écrit et joué, extraordinairement monté et filmé. Jean-Pierre Léaud (pour moi, il y a lui et Mifune comme grands acteurs, les autres ne sont qu'acteurs) est l'écorché vif par excellence, avec en plus la politesse de la legèreté et de l'humour. Bernadette Laffont est belle à mourir, d'une tristesse "contemporaine" et d'une subtilité exemplaires. Françoise Lebrun est sidérante de franchise, de photogénie, de désespoir. Le film est constitué presque uniquement de dialogues, mais la variété des idées de mise en scène d'Eustache en fait aussi un film sur la ville, sur le modernisme, sur l'engagement, l'amour et l'envie de mourir. Jamais il ne filme de la même façon deux êtres qui parlent. Il y a deux ou trois plans-séquences sur des vismaman_et_la_putain_01ages (le monologue de Léaud sur "les enfants, les soldats et les fous" et celui de Lebrun sur "baiser par amour" sont à pleurer de beauté) qui sont les plus beaux du monde.

Et puis il y a ces phrases, poignantes, drôles, personnelles, qui sont devenues des cris de guerre pour moi, surtout quand j'ai un chagrin d'amour : il y en a 23417789, je ne peux pas toutes les citer, alors, je me contenterai de ces deux-là :
"J'ai pensé à vous dans les chiottes. Il y a un graffitti. "Ma rage d'aimer donne sur la mort comme une fenêtre sur la cour" et quelqu'un a écrit dessous : "Saute Narcisse".
Et : "Tu as recommencé à vivre sans que l'angoisse t'étreigne. Tu es tranquille. Tu crois que tu te relèves alors que tu t'accoutumes tout doucement à la médiocrité."

Merci, Jeannot, tu m'aides bien à me relever...

Il faut que tout s'Eustache : clique

 

Commentaires
G
Bon, j'ai vu la bête et je dois avouer que j'en sors un peu perplexe. Les deux premières heures m'ont dans l'ensemble assez plu, ça parle de tout et de rien, Léaud avec sa diction si particulière illumine ces discussions de fond de bar ou sous la couette, c'est vraiment du cinéma à part, qui bouillonne et ne cherche jamais à caresser le spectateur dans le sens du poil. Et ça c'est bien, mais y a quand même des limites à se faire câliner à rebrousse-poil. Du coup, la troisième heure a commencé à me saouler, sans parler des vingt dernières minutes où la môme Lebrun nous assomme d'ennui avec ses "baiser" et ses "merdique" en face de Léaud qui fait la gueule. Je suis peut-être passé à côté du grand truc tant vanté par pas mal de cinéphiles mais pour moi, ce film ne tient tout simplement pas sur la longueur. Intriguant, certes, mais loin du chef-d'oeuvre dont on parle ici et là. Par contre la mère Bernadette, mamma mia !
Répondre
S
Cool, je m'en sors bien sur cette action (mission Angelopoulos et Sebastien pour l'ami Gols !). Cela dit Giuseppe, vous aussi, vous vous en sortez bien, car un bonhomme en mousse par la poste pour les Comores ça coûte une clavicule...
Répondre
G
Je vais m'y atteler mon ami Gols, je vais m'y atteler... Quant à vous, prière de voire T'aime avant la fin de l'année ! Je vous envoie un bonhomme en mousse par la poste pour Noël si vous vous acquittez de cette tâche.
Répondre
G
Ah Giuseppe, il FAUT absolument voir La Maman et la Putain, oui oui oui, avec le temps je crois que c'est mon film préféré (je lui ai très mal rendu justice dans ce texte, difficile de parler des choses qu'on adule). Il est trouvable, en cherchant un peu, hein. <br /> <br /> Quant à Patrick Sébastien, là j'avoue que je vais avoir un peu de mal à le regarder. Déjà qu'il faut qu'on se tape du Angelopoulos... Nos lecteurs sont de plus en plus exigents.
Répondre
G
Diantre, vous m'avez donné envie de découvrir ce mystérieux film culte dont plein de monde parle mais qu'il est quelque peu difficile de se procurer. Pourtant, on a pas une base des plus facile: film français des 70's en noir/blanc de plus de 3h, aoutch... Mais comme dirait ce bon vieux Riri, quand faut y aller, faut y aller.<br /> <br /> À propos de cinéma hexagonal, avez-vous déjà vu T'aime de Patrick Sébastien ? Je rêverais de le voir chroniqué sur ce blog avec votre légendaire style savamment décontracté, celui-là...
Répondre
Derniers commentaires
Cycles
Ecrivains