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27 avril 2006

LIVRE : Lanzarote de Michel Houellebecq - 2002

lanzaroteEn fait je me dis, après avoir lu tous les bouquins du gars Houellebecq, que ses premiers écrits ne mènent qu'à une chose : La Possibilité d'une île, sorte d'achèvement sublime de son style et de ses pensées. C'est comme si les oeuvres précédentes étaient des brouillons, des essais, autour de ce chef-d'oeuvre final. La question étant : et maintenant, qu'est-ce qu'il va faire ?

Lanzarote n'est que cela : un brouillon, un rapprochement (raté) du Livre Parfait. S'il contient déjà plusieurs éléments de La Possibilité d'une île (le raëlisme, le clonage), il est plus proche pourtant des Particules Elementaires ou de Plateforme : un homme moyen part en vacances dans l'île de Lanzarote, s'ennuie, baise vaguement, s'ennuie, loue un 4x4 et s'ennuie, avant de repartir. Malheureusement, Houellebecq n'atteint pas du tout la puissance désespérée de ses autres livres, et se contente du minimum syndical qu'on lui demande : cynisme, solitude, provocation, nihilisme crasse. Le cahier des charges est bien rempli, envoyez le chèque, merci. Non, Michel, ça ne nous suffit pas, surtout quand on sait ce que tu es capable de faire. Son texte est juste amer et insupportablement triste, alors qu'il atteint dans ses grands bouquins une dimension cosmogonique et contemporaine autrement plus intéressante.

Par contre, ce livre est complété par plusieurs petits textes épars qui, là, sont de purs joyaux : courtes chroniques sur la littérature (Bret Easton Ellis, la science-fiction), sur l'échangisme au Cap d'Agde (déjà vu, ça) et surtout un véritable skud sur la descendance et la métaphysique intitulé "Consolation technique". Là se trouve le meilleur du gars, une force d'écriture, un sens de la formule sans ostentation (qui rappelle les poèmes du sieur, sublimes), une manière d'amener un malaise sourd, durable et terrassant. On y lit notamment : "Par ce trou mal refermé [le nombril], vos organes les plus intimes pourront à tout instant s'échapper et pourrir dans l'atmosphère. Vous pourrez à tout instant vous vider de vos tripes sous le soleil ; et crever comme un poisson qu'on achève d'un coup de botte en pleine épine dorsale. Vous ne serez ni le premier, ni le plus illustre. (...) Vous en serez bientôt là, enfants sans conséquence. Votre nombril se couvrira de crasse et tout sera dit. On jettera de la terre sur votre face."

Ca fait mal, hein ?

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