Strange Harvest de Stuart Ortiz - 2024

Même si Strange Harvest est un peu pourri, pas très réussi, et même parfois assez ridicule, on ne peut qu'aimer ce genre de petit produit d'une sincérité désarmante, preuve de l'amour immodéré de son réalisateur pour le genre. Le film sent l'artisanat à plein nez, le fait à la main avec 2 dollars, et parvient mine de rien, à force d'huile de coude et de débrouillardise, à se révéler relativement efficace et sympathique. On sent derrière tout ça une équipe passionnée, bosseuse et maline, et rien que pour ça... Le film s'appuie sur les documentaires de true crime qui ont tant de succès en ce moment : un triple homicide a lieu et sur place on retrouve un signe cryptique qui rappelle une autre affaire vieille de plusieurs années. L'enquête révèle l'existence d'un serial-killer bien retors, qui se joue de la police et commet des crimes de plus en plus gerbatoires au nez et à la barbe des enquêteurs. Notre homme semble avoir un but précis, c'est à la police de déchiffrer ses énigmes tout en tentant d'endiguer la vague de meurtres. Le film use de tous ses moyens pour raconter cette sordide histoire : interviews des témoins, images de JT, captations par la police, jusqu'aux images prises par une webcam, dans un habillage qui se veut réaliste et crédible, un faux documentaire aussi prenant qu'un vrai. Un sorte de Faites entrer l'accusé en plus flippant en quelque sorte.

Le scénario trop tortueux et les acteurs pas tous géniaux ruinent un peu l'espoir de crédibilité visé : on y croit comme au retour de la gauche, et malgré tout ses efforts, Ortiz use de trop de sérieux pour raconter son histoire. Il n'a pas toujours le sens de la mesure (notamment avec ce meurtre à la sangsue, franchement improbable et plus marrant qu'autre chose), et se prend beaucoup trop au sérieux pour que son petit objet arty passe dans le camp des merveilles façon Blair Witch. Malgré tout, le gars possède un sens du sordide et du cracra qui marque des points dans les scènes de découvertes de cadavres et, à défaut d'être vraisemblable, présente un tueur marquant avec son masque primal et sa froideur impitoyable. La mise en scène est variée et fait appel à tout un tas de mises en scène variées, du reportage à la "prise de vue objective", et réussit à ne pas nous ennuyer et à nous faire traverser au contraire cette histoire avec le plaisir du récit qui fait peur raconté dans le noir. Bref, rien de marquant, mais une honnêteté de réalisation et une allégeance au genre qui fait plaisir à voir.