Personne n'y comprend rien (2025) de Yannick Kergoat
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Vous pleurez les larmes de votre corps car vous avez toute votre vie considéré comme des exemples de probité morale Hortefeux, Guéant et Sarko ? Alors, il serait peut-être bon de vous déciller enfin les yeux et de vous pencher sur cet humble documentaire qui saura limpidement vous expliquer tous les tenants et les aboutissants de ce feuilleton politico-judiciaire. "Personne n'y comprend rien" clamait bravache notre ami Sarkozy, prenant à témoin l'ensemble des Français qui "eux, ne sont pas dupes" : il les prenait juste pour des imbéciles - ce en quoi, d'ailleurs, il n'avait pas tout à fait tort (pour une fois), certains continuant de le croire...
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Arfi et Laske expliquent avec une simplicité désarmante les liens qui s'établirent, entre Kadhafi et ses sbires d'un côté et Sarkozy (alors ministre de l'intérieur sous Chirac), Guéant et Hortefeux de l'autre, pour mettre en place le financement de la campagne de Sarko - un financement qui déboucha sur sa victoire à l'élection présidentielle en 2007. Les rencontres entre les différents hommes (dans le dos du président Chirac et des services secrets français), l'accueil en grande pompe de Kadhafi après l'élection présidentielle de 2007, la lune de miel entre les deux pays... avant que Sarkozy lâche soudainement le dictateur (redevenu tout d'un coup un homme aux mains tâchées de sang) et que l'homme d'état libyen soit mis à mort... Sarko pense avoir enterré la bête... ce sera sans compter sur les propos à venir du trouble Ziad Takieddine (témoin et intermédiaire de toute l'histoire) et sur le travail de fourmi des journalistes de Médiapart pour exhiber des preuves concrètes : tous les faisceaux sont là pour soupçonner des malversations d'envergure, des subordinations de témoin évidentes, reste juste à mettre la main sur des traces concrètes - et ces traces, elles existent, et elles sont probantes.
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Une affaire d'état ? Oui. Une trahison d'état ? Oui... Mais derrière ces grands mots, alors même que la justice a - provisoirement - tranché, apparaît surtout le portrait d'un homme, ancien président français, aux procédés éminemment mafieux. Derrière cette façade terrible de "faux coupable", derrière ces propos qui crient constamment de façon populiste "au scandale", qui vont jusqu'à accuser les juges et l'indépendance de la justice, se cache un véritable parrain qui, dès qu'il sent venir le danger, tend à lâchement couper les liens avec ceux qui l'ont jusque là aidé... Non plus un "faux coupable" mais un être faux, fourbe, qui a toujours su tirer parti de l'aide de certains médias (mon ami Lagardère) et définitivement coupable dans bien de sombres affaires. Un doc éclairant, clair sans tomber dans la facilité et les raccourcis, un doc à la gloire du journalisme d'investigation à la française. Cela donne encore de l'espoir dans ce monde turpide. (Shang - 01/10/25)
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Même en étant un partisan entièrement dévoué de Sarko, même en soupçonnant ce film produit par Mediapart d'être forcément honteusement partial, difficile de prendre en défaut les faits ici présentés : voilà la preuve accablante, les preuves même, des accointances entre Sarko et le régime libyen dans ses pires heures, documents, témoignages, images à l'appui. Pour ceux qui auraient encore un doute sur la culpabilité du gars et sur l’impartialité de la justice, on conseillera de suivre ce doc pédagogique, limpide, sans hystérie, qui prend le temps d'expliquer simplement tous les rouages de cette affaire compliquée. Personne n'y comprend rien vient en complément de la captivante BD Sarkozy-Kadhafi : des billets et des bombes : un exemple de pédagogie destiné à démonter les complots et contre-vérités véhiculés par cette affaire forcément brûlante et propice aux fake news (quand le pouvoir est à la fois sur le banc des coupables et celui de la défense, difficile de démêler le faux du vrai). Mais au-delà de l'affaire des fonds libyens et de la campagne frauduleuse de Sarko, le film parvient à deux autres choses brillantes : d'abord un portrait de Sarko lui-même, soit un homo politicus sans morale, sans pitié, capable des pires avanies et des compromis les plus douteux, capable de trahir celui qu'il soutenait la veille, un passionné de pouvoir derrière lequel l'herbe ne repousse pas, un homme complètement déconnecté de la réalité, uniquement guidé par sa soif d'ascension ; et plus généralement, un portrait de la politique telle qu'elle peut se pratiquer actuellement, complexe réseau secret d'accointances, de trafics, de duplicité, de malhonnêteté. Qu'on le veuille ou non, on ne peut s'empêcher de se dire que le cas Sarkozy n'est sûrement qu'un exemple au milieu d'une foule d'autres, et c'est bien triste. On quitte en tout cas ce film plus éclairé sur cette affaire et sur le monde en général, peut-être un peu dubitatif devant la présence de ce film sur les grands écrans (une programmation à une heure de grande écoute à la télé paraitrait plus judicieuse), pas passionné par sa forme (désespérément conventionnelle), mais bien calmé par cette parole simple et droite. (Gols - 09/10/25)
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