Le Balourd (The Boob) de William A. Wellman - 1926
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On est dans la rareté avec cette petite comédie-western des débuts de la carrière de Wellmann. Carrière qui semble dès ses prémisses pavée d'or, puisque, au travers d'un simple film de commande pas génial comme The Boob, le gars affirme une personnalité et un sens du tempo déjà remarquables. Il parvient à transformer un divertissement bon enfant et oubliable du dimanche soir en comédie pétillante et légère, très bien rythmée, remplie de gags pendables et d'action : rien à dire, on sent qu'il y a quelqu'un en devenir là derrière. On est dans l'Amérique profonde, d'ailleurs joliment rendue par une lumière apaisante et des personnages hauts en couleurs. Peter Good est amoureux de Amy, mais celle-ci fait les yeux doux à un gars de la ville qu'elle vient de rencontrer, qui lui promet carrément le mariage. Peter a beau sentir que le gars n'est pas complètement net, qu'il fricoterait peut-être même avec le milieu des bootleggers, il n'arrive point à déciller sa belle : elle l'ignore proprement et part avec son amant direction la ville et ses turpitudes. Ni une ni deux, Peter enfile son costume de cow-boy trop grand, charge son colt qu'il n'a jamais manié, et le voilà parti pour en découdre avec le milieu des trafiquants de tripot et pour récupérer la petite Amy. Il est aidé par un vieux briscard alcoolique (le meilleur gag du film : il s'assied sur sa bouteille de whisky qui se brise, une grosse tache grandit sur son pantalon, il lève les yeux vers la caméra et dit "Bon Dieu, j'espère que c'est du sang !"), par un môme mal dégrossi et par son chien petit mais hargneux. Cavalcades, chutes, bagarres et fusillades dûment effectuées, notre héros parviendra contre toute attente à ses fins, démantèlera les réseaux malhonnêtes, confondra son rival, remportera la belle, et privera qu'il n'est pas le "balourd" du titre.
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C'est tout ce qu'il y a de plus inoffensif et oubliable, entendons-nous bien. Mais il se dégage malgré tout de ce petit truc une gaieté, une volonté d'amuser, une compétence à tous les postes, qui forcent le respect. Ambiance chaleureuse, costumes mignons, petits détails de scénario craquants, personnages secondaires attachants (notamment une petite vieille étonnamment touchante dans une scène d'où on n'avait pas vu venir l'émotion), acteurs compétents (George K. Arthur, Gertrude Olmstead, et la débutante Joan Crawford) : c'est bien joli. Et puis Wellmann, comme je le disais, est bien présent, tentant même quelques expériences formelles qu'il réussit plus ou moins : un chien soûl qui marche au ralenti, une scène de rêve, une course-poursuite en voiture très bien menée, une caméra posée sur une balançoire, ... Non, vraiment, c'est très fun et dynamique, je dis bravo.
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