Haute Société (High Society) de Charles Walters - 1956
/image%2F0405316%2F20251018%2Fob_596167_high-society-1200-1200-675-675-crop-00.jpg)
Il y avait un potentiel évident dans cette comédie musicale réunissant la crème de la crème des artistes de l'époque : Cole Porter écrit les chansons, Frank Sinatra et Bing Crosby les chantent, Louis Armstrong les joue, et Grace Kelly apporte le côté glamour à l'ensemble. Ce casting parfait bute toutefois sur le gros handicap de High Society : sa mise en scène, terne comme un lundi. Ce Charles Walters, qui n'est pas tout à fait resté dans les annales, n'arrive jamais à donner du charme à son film qui, par manque peut-être de chorégraphies, par absence d'un scénario vraiment captivant, mais surtout par le peu d'inventivité du gars à la réalisation, finit par retomber comme un vieux soufflé. Le film se veut un remake du délicieux Indiscrétions de Cukor, mais on évitera de les comparer, et on admettra qu'il s'agit plutôt d'une interprétation différente de la même pièce de théâtre. Justement, Walters enferme ses personnages dans une ambiance théâtrale dont il n'arrive pas à sortir : tout fait artificiel dans ce décor trop laborieux, dans ces costumes taillés sur mesure pour nos stars, dans ces lumières trop chiadées, et ce côté carton-pâte déborde sur le film lui-même, sur les sentiments des personnages, qui ont l'air de s'aimer, de s'engueuler, de subir dilemmes et avanies sans y croire, juste pour amuser la galerie. Chic et toc, voilà ce qu'on peut dire de cette comédie qui sort les grands moyens pour pas grand-chose.
/image%2F0405316%2F20251018%2Fob_57464a_95090627-2605856936329859-905358847924.jpg)
Tracy (Kelly), aristo grand crin, va se marier avec un riche industriel fade et s'offrir ainsi une vie bien rangée mais sans saveur. Mais son premier mari (Crosby) débarque la veille de la noce, soit-disant pour organiser un festival de jazz, en fait pour tenter de dissuader la belle de s'enterrer vivante dans cette relation, et pourquoi pas, la récupérer. Il est énervant, il est insistant, il est prolo, mais il chante avec une voix de velours des romances à faire trembler Tracy sur ses bases. Ajoutez à cela la présence d'un duo de journalistes de presse à scandale (Sinatra et Celeste Holm), envoyés pour faire un papier sur cette noce, et qui va bien remuer tout ce tranquille ménage à trois : Sinatra, boum, tombe sous le charme de Tracy, et comme il chante lui aussi comme un crooner de base, la belle ne sait plus trop où donner de la tête. D'autant, que, l'alcool aidant, elle joue un peu trop avec le feu...
/image%2F0405316%2F20251018%2Fob_a8a147_mv5bnmrkm2y0odqtnmjhzs00zmqxltkxmwutot.jpg)
Sur un rythme un peu poussif, Walters raconte cette peu passionnante intrigue, plus préoccupé de capter le bon profil de ses stars que de tenir son film. Trop lent, trop sage compte tenu de son sujet, High Society finit par être bien morne, malgré l'indéniable qualité des chansons (vraiment très joliment désuètes) et la présence clownesque du bon Louis Armstrong, qui s'époumone avec enthousiasme dans sa trompette en roulant des yeux. Tout semble construit autour des moments musicaux, que le public d'alors devait attendre comme le Messie. Mais ceux-ci s'avèrent bien décevants : figés, les chanteurs-acteurs jouent sur les scotchs (et surtout Kelly, qui a du mal avec le genre), sans magie, sans charme. Il manque vraiment un chorégraphe à la chose, quelqu'un qui aurait ajouté des corps à ces visages charmants et chantants (non sans talent, bien sûr). Cette fadeur amoindrit les dialogues, qui sont parfois bien vus dans leurs punch-lines, et l'abattage des interprètes, qui font ce qu'ils peuvent pour donner un peu de glamour à ce scénario paresseux. Un musical sans sève.
/image%2F0405316%2F20251018%2Fob_9d6c4b_mv5bmmywyjfiztutnwjjzs00yjvilwjlngqtnz.jpg)