SERIE : The White Lotus de Mike White - saison 3 - 2025

Remake de remake, cette saison 3 poursuit dans la veine des deux premières : une réécriture, toujours la même, de la même dramaturgie, accompagnée des mêmes événements, avec grosso modo les mêmes personnages... et apportant le même plaisir délicieux de se faire raconter toujours la même histoire. On reconnaitra donc, une nouvelle fois, l'effet addictif de cette série toujours très attentive à dessiner des personnages intéressants, capables d'évoluer (et notre regard sur eux avec) au cours des épisodes, la mécanique implacable qui fait que, malgré les longueurs et une tendance assez voyante cette fois-ci à stagner, on ne peut résister au plaisir de s'en envoyer un petit dernier pour voir jusqu'où nos bons vieux connards de riches vont pousser le bouchon. Toujours le même principe, donc : la chaine d'hôtels de luxe The White Lotus accueille son lot de vacanciers, tous plus déprimés, déviants, névrosés, cachetonnés les uns que les autres, joyeux défilé de grands bourgeois complètement prisonniers de leur système capitalistico-sexuello-normatif.

C'est en Thaïlande que se déroule cette saison, ça change et ça permet à la série, après une saison sicilienne curieusement pastel, de laisser le décorateur s'exciter sur ses couleurs primaires et son exotisme de pacotille. On sait, comme toujours lors de la première scène, que mort(s) il va y avoir, reste à savoir qui et par qui. Et c'est parti : une famille de nantis complètement barrée (le père harcelé par les affaires, la mère versatile et droguée, l'aîné obnubilé par son corps d'athlète, son cadet effacé, la fille et sa soif de bouddhisme), trois copines venues tenter de renouer leur amitié qui s'effrite, un mec tourmenté par son passé à la recherche de l'assassin de son père, sa fiancé folle de lui et tout de gentillesse, la brune délurée et échangiste et son nouvel amoureux vieillissant (et on retrouve avec bonheur pour la troisième fois l'ambigu Greg), la masseuse de la saison 1 en stage ; sans compter la palanquée de membres du personnel, de la patronne ex-star de la pop au vigile pas fait pour ça, du masseur sexy et dangereux à la jolie fille ambitieuse. Tout ça bout pendant 7 épisodes avant d'exploser dans le 8ème, White étant toujours excellent pour pousser les situations tendues jusqu'au bout.

C'est donc un plaisir, mais on notera tout de même une tendance à s'essouffler un peu. Il serait bon que els prochaines saisons changent assez résolument de ces trois premières bien semblables. Ici, une fois les personnages (moins attachants que pour les années précédentes) présentés, une fois les situations exposées, on a tendance à combler le vide, sans plus faire avancer la trame. D'épisode en épisode, les mêmes motifs sont répétés jusqu'à plus soif, le gars qui veut se flinguer, le nihiliste qui refuse tout divertissement, les copines qui veulent s'éclater, le fils qui se prend pour un cador, et on s'ennuie un peu en attendant les pics, qui seront très rares : un braquage, une virée à Bangkok, une vague histoire d'amour, ok, mais ça ne suffit pas. Cette saison 3 aurait fait 4 épisodes de moins qu'on ne s'en serait pas plaints. Mais le bagout des acteurs, l'humour omniprésent même dans le drame, et la finesse psychologique finissent par emporter la mise : on est scié de découvrir chez un personnage détestable ce petit quelque chose qui nous fait craquer, qui renverse notre regard. Le dernier épisode, proprement génial, use à fond de cet effet-là : il nous fait entièrement revisiter toute la saison, semble résoudre tout de façon positive, et renverse une nouvelle fois nos attentes par un dénouement terrible, qui renvoie tout le monde à sa propre vacuité. Cet épisode est le meilleur de toute la série, et est un magnifique exemple de l’intelligence que sait déployer The White Lotus quand elle ne se repose pas paresseusement sur ses lauriers. Excellente série.

la saison 1 ; la saison 2