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24 juin 2025

SERIE : Querer d'Alauda Ruiz de Azúa - 2025

Les Espagnols ont le vent en poupe depuis deux-trois ans dans le domaine de la série. Cet intéressant Querer confirme la tendance, et voit les cinéastes ibériques abandonner un peu les excès hérités du duo Buñuel-Almodovar pour aller vers quelque chose de plus adulte, plus introspectif. La série tourne autour d'une cellule familiale qui implose sous nos yeux : après des années de mariage, Miren quitte subitement la maison et porte plainte contre son mari pour humiliation et viol, à la consternation de ce dernier ; et à celle de ses deux grands fils qui n'avaient pas vu le coup venir. Commence alors un long procès qui va opposer les deux ex-époux, elle braquée sur son désir qu'on reconnaisse sa souffrance, lui voulant prouver son innocence, les deux fils choisissant chacun leur camp et assumant mal un héritage difficile à porter. Avec réalisme et justesse, le film documente la violence conjugale d'aujourd'hui, le machisme éternel, mais aussi la subjectivité de la souffrance et la difficulté à trouver la vérité dans la relation humaine. Ni blancs ni noirs, les personnages portent leur complexité et leurs ambiguïtés. Ne comptez pas sur Ruiz de Azúa pour vous donner les réponses à toutes les questions que sa série soulève : aux vérités toutes faites et aux jugements faciles, elle préfère la subtilité du questionnement, le doute, le flou, la réalité des âmes humaines forcément nuancée.

Petite série très juste donc, surtout dans une culture méditerranéenne depuis toujours masculiniste et vieux-jeu. A maintes reprises, la cinéaste-scénariste touche juste par la mesure, la bonne distance de son filmage, la grande véracité des situations et des personnages. Très honnête, elle donne le point de vue de chacun d'eux, et c'est à nous de nous faire une opinion. C'est rare de voir un film sur les violences conjugales qui nous donne à réfléchir sur les motivations de l'accusé et même sur les possibles mensonges de la victime ; rare et réussi ici : sans jamais (ou presque, le dernier épisode faisant basculer un peu l'opinion du spectateur d'un côté de la balance) balancer des résolutions ou des vérités toutes faites, Querer est un modèle de nuance et une belle mise à plat de ce qu'on peut dire, aujourd'hui, sur l'emprise masculine, la domination, la violence ordinaire au sein d'un couple, les répercussions sur la génération suivante, etc. Dommage que ce miraculeux équilibre ne soit pas toujours tenu. Au milieu de séquences d'une grande intelligence, la série se fait subitement lourde ou explicative. La faute peut-être aux comédiens, qui adoptent un jeu assez convenu, et à un scénario qui veut absolument faire le tour du sujet en quelques épisodes seulement, et a tendance à expédier quelques scènes (le fils aîné est par exemple dessiné à trop gros traits). Conventionnel aussi dans sa mise en scène, le film est beaucoup plus intéressant dans son fond que dans sa forme. Ces défauts empêchent la série d'atteindre la grandeur, mais n'enlèvent rien à la belle profondeur de la chose.

 

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