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17 juin 2025

LIVRE : Virginales de Maurice Pons - 1955

"Elle était nue et marchait là, dans l'herbe. Elle pénétra dans notre cercle. Elle fit quelques pas de danse sur l'herbe, puis s'y allongea comme une chatte. Elle se caressait les seins, le ventre pour un massage de soleil, et au bout de ses jambes, ses pieds s'agitaient dans un mouvement de nage."

 

Voilà longtemps que je voulais me délecter de ce petit recueil de nouvelles signé du gars Maurice, recueil parmi lequel figure le légendaire "Les Mistons" qui permit au bon François etc etc... Pons et Roché seraient-il en cette après-guerre les deux écrivains les plus modernes de la littérature française ? Je pose juste la question malgré le rire gras de Gols en fond... Si Roché, par sa prose minimaliste et son sens pointu de l’analyse sentimentale, parvenait alors à sortir du lot, Pons, par sa vivacité d'écriture et le doux érotisme qui infuse pratiquement chaque page, avait aussi de quoi émoustiller notre bon vieux La Truffe encore dans sa vingtaine. Une dizaine de nouvelles rassemblées dans ce recueil, nouvelles qui partagent toutes au moins un point commun : le terme "virginal" finira par poindre le bout de son nez quelle que soit l'histoire racontée. D'érotisme (un érotisme de début d'adolescence, certes, mais d'autant plus prompt à éveiller les sens), il sera question dans les plus belles nouvelles de ce modeste bouquin : dans "Miss Fraulein", où le narrateur folâtrera avec une nurse allemande, dans "Ma marraine", où la narratrice s'épanchera sur la douceur de ladite, dans "La Communiante", où un jeune communiant fera sa première expérience de la délicatesse des bas de soie avec sa chère et tendre cousine, dans "A Bicyclette", où la "bicycliste" règnera par son charme troublant sur une armée de petits bonshommes, ou encore bien sûr "Les Mistons" où la beauté tragique d'une jeune fille qui met en émoi tout un peuple de petits hommes conduira tout droit à une issue tragique. Des récits contés avec la naïveté des premières fois et qui transpirent la jeunesse, la candeur par ces premiers attouchements évoquées, ces premiers soupirs poussés, ces premières extases explosives (le réveil du héros de "la Communiante" semble ainsi quelque peu troublé, pour ne pas dire pollué...) ; grâce à ce ton de Pons toujours bon enfant mais jamais enfantin, on parvient à retrouver avec joie les sensations primaires pour ne pas dire primitives de ces premières expériences pas encore totalement amoureuses mais délicieusement sensibles. Les autres récits ne déméritent point (quel est le curieux objet caché par la grand-mère dans "Le Gniagnia" - hum, hum... ? ; comment Balzac peut-il se retrouver assommé par une sainte vierge - c'est tout le suspense de "Balzac" ? Comment peut-on accéder au monde mystérieux des morts - c'est toute l'énigme de "La Tripolitaine" ?) : ces courtes histoires nous emmènent également au seuil du monde de l'enfance là où le jeu, la peur, ou la mort sont autant de domaines disparates que l'on explore, en cette période privilégiée de notre jeunesse, avec la même curiosité, la même sensibilité à fleur de peau. Pons ? Pile-poil.

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