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19 juin 2025

LIVRE : Stephan Eicher de Sébastien Bataille - 2025

Parmi les pêchés mignons partagés par votre duo favori, vous pouvez compter les disques de Stephan Eicher, surtout pour sa collaboration avec notre idole Philippe Djian. Il suffit de penser à les planquer quand on invite une fille, et puis le tour est joué. De là à lire une biographie du gars, même si c'est la première, il y a un pas. Ce serait oublier que c'est Sébastien Bataille qui en est l'auteur : sa biographie de Thiéfaine était plus que réussie, et malgré son goût pour Indochine (qui transparaît toujours, même dans les pages consacrées à Eicher, ça devient une obsession), on est prêt à le suivre sur les traces du fou chantant suisse. Et on fait bien : une nouvelle fois, Bataille fait preuve ici d'un réel talent pour raconter une carrière, une vie, un destin. Érudition, modestie, goûts affirmés, intérêt pour la technique autant que pour l'anecdote, dynamisme dans l'écriture : tout ça est habillé de classicisme, hein, il ne s'agit pas de faire le malin, mais tout ça se lit avec un vrai plaisir. Eicher semblait pourtant un motif un peu terne pour une biographie : sa discrétion sur sa vie privée, et surtout sa carrière émaillée certes de hauts mais aussi de sacrés bas, fabriquent une vie qu'on dirait de bric et de broc, à l'image de son aspect fantasque. Pourtant, sa carrière est bien intéressante, lui qui a commencé dans le punk garage le plus confidentiel, pour devenir ensuite un espoir de la musique electro, puis prendre ensuite le virage variété, pour ensuite se perdre dans des albums trempés dans toutes les cultures possibles et imaginables, avant d'atteindre aujourd’hui une certaine forme de sérénité.

 

Bataille a tout écouté, tout pesé, tout analysé, et nous livre une lecture toute personnelle de chacun de ces virages artistiques. A chaque fois il pèse chaque chanson, chaque arrangement, chaque petit détail technique avec une érudition qui n'est jamais pédante ou supérieure, avec une subjectivité qui l'honore, et surtout avec précision et amour. Même si maints albums du compère ne lui plaisent de toute évidence pas (et comment le lui reprocher à l'écoute de 1000 vies ou de Eldorado ?), il sait toujours en extirper un truc qui le sauve, une chanson, un arrangement, une rencontre avec un musicien. Il re-situe à merveille le disque dans son contexte, relève les petits détails de fabrication marrants, parle des ventes et de la production, de la critique et de la postérité, bref on a la sensation qu'il fait le tour du sujet avant de passer au suivant. On s'arrêtera bien sûr plus longuement sur les deux albums de la gloire, Engleberg et Carcassonne, là aussi disséqués avec passion et originalité (une lecture religieuse des textes de Djian qui ne manque pas de surprendre entre autres). Bataille est excellent pour rendre son texte fluide, pour insérer ses anecdotes de façon très naturelle, très agréables, en nous faisant oublier le côté scolaire de l'exercice du biographe. On en retire l'image d'un Eicher pas si foutraque que ses disques voudraient nous le faire croire, profondément intéressé par les musiques du monde entier, audacieux et exigent, en proie aux doutes et rempli d'idées, difficile à cerner en fin de compte. On a passé un très joli moment en sa compagnie, avec l'envie de réécouter ses disques (mauvaise idée), de faire des révérences devant sa poignée de chefs-d’œuvre ("Prisonnière", "Combien de temps", "Rien à voir", 'Rivière", "71/200", "Des Hauts, des bas"...), et de payer une bière à Sébastien Bataille.

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