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14 juin 2025

LIVRE : On ne connaît du Film que la Scène des Adieux de Serge Toubiana - 2025

S'attaquer à ce livre-hommage de Toubiana, c'est savoir d'avance qu'on va rentrer dans un cimetière, une sorte de cimetière à livre ouvert, mais un cimetière bien rangé, une sorte de pré-carré où se retrouveraient cinéastes, acteurs, critiques, cinéphiles, un immense mausolée en quelque sorte regroupant une même grande famille, celle du cinéma (comme si finalement cette mythique "grande famille" du cinéma ne pouvait se retrouver et cohabiter qu'une fois morte...). Un livre d'élégies en quelque sorte qui pourrait forcément à la longue finir par sentir un peu le sapin mais qui parvient par dessus tout à éviter de se complaire dans la tristesse, dans le regret, dans la noirceur. Toubiana évoque environ quatre-vingts figures du cinéma (de Truffaut à Lynch, en passant par Leone, Cassavetes, Pialat, Godard, des grands noms du cinoche, mais également des producteurs, des techniciens, des "petites mains" artistiques, littéraires ou administratives qui œuvrèrent à un moment ou un autre en lien avec le septième art), revenant sur ces futurs non-revenants (mais qui demeurent pour la plupart éternels car fixés à jamais sur la pellicule) en trois-quatre pages bien pesées. Toubiana ne s'étend point, n'a pas l'ambition de revenir exhaustivement sur la carrière de tel ou tel : il définit généralement en quelques traits de caractère ce que fut cet être, glisse au passage le plus souvent une petite anecdote personnelle (il a croisé, notamment en tant que critique ou responsable du CNC, une grande majorité de ces grands noms), évoque les grands films ou les grands moments du personnage et clôt modestement sur l'absence que ladite personne laissera forcément derrière elle. Il n'est pas avare en superlatifs (la personne la plus intelligente, la plus sensible, la plus amicale...) mais semble se faire avant tout un devoir de rester à hauteur d'homme (avant qu'il se retrouve définitivement allongé, cela s'entend), en rappelant le plus souvent un des meilleurs souvenirs qu lui laissera la personne.

 

Il est beaucoup question dans ces "portraits a posteriori" de liberté (Toubiana semble avoir une prédilection pour les électrons libres, ceux qui contre vents et marées tentèrent de faire leur petit trou dans la pellicule), de fidélité, de liens amicaux, mais aussi de petits instants privilégiés partagés, de grands moments cinématographiques laissés à jamais et... des Cahiers. Ce fut un peu la porte d'entrée de Toubiana sur ce milieu du cinéma et dès qu'il peut y revenir (pour raconter parfois un peu la même chose... on a bien compris qu'au début des années 70, la revue critique a traversé une petite crise idéologique existentielle...), on ne peut pas dire que le bougre s'en prive... Mais de qui parlait-il déjà ? De lui ? Mais non, c'est idiot, ce n'est forcément pas lui qui est mort... Je plaisante à peine. Mais c'est aussi ce qui donne un certain charme à ces hommages : plutôt que de s'épancher à tout prix sur le vide béant laissé par tel ou tel, il vaut mieux partir à la moindre occase sur les voies de traverse d'une petite anecdote cinématographique ou simplement déconnante. Dans chacune de ces "mini-mémoires de poche" se glisse une allusion au cinoche (cela fait donc deux pages que l'on parle de film de procès... oups, on a encore oublié quel était le sujet de départ... Ah oui Georges Kiejman...) comme si cet art était de toute façon plus fort que la mort, voire que le ou la mort(e). Si on devait garder parmi tous ces hommages les meilleures feuilles, on pourrait citer l'hommage très sincère et très émouvant rendu à Pialat, mais aussi les lignes sur la voix de Trintignant (Toubiana semble très sensible à ces timbres (de voix) oblitérés pour toujours) ou celles encore sur Resnais, Mastroianni, Rohmer, Piccoli, Carrière, Ferreri... ou ces hommages nourris à ses compagnons de route Daney, Biette, le Roux... On flâne de texte en texte, de tombe en tombe, en piochant dans chacun de ces portraits posthumes plus une petite étincelle de joie qu'une grosse larme d'apitoiement. Rien de macabre ici, donc, que des vignettes respectueuses et pleines de vie. C'était forcément la gageure. Rip rip rip - hourra.

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