L'implacable Poursuite (The Saga of Hemp Brown) de Richard Carlson - 1958
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Encore une fois on ne va pas hurler au génie avec ce western de série B ultra-classique, mais on relèvera quand même que ce film est assez clairement au-dessus du lot, par son scénario hitchcockien, sa jeune première à croquer et quelques détails de mise en scène pas inintéressants. L'innocent accusé à tort qui s'échappe et part à travers le territoire à la poursuite du vrai coupable : on croirait cette histoire tirée des films anglais de Hitch, et, toute proportion gardée, il y a le même plaisir de la narration à rebondissements là-dedans. Ce brave lieutenant Brown (Rory Calhoun, fadasse) est en effet pris dans un engrenage terrible : accusé à la place d'un autre (le suave et néfaste John Larch) d'avoir volé la recette des impôts et d'avoir tué tout le monde lors d'un braquage, déchu de l'armée, désormais renégat méprisé de tous, il se lance donc à la poursuite, implacable bien sûr, du responsable du massacre, que tout le monde croit mort. Il croise en chemin la roulotte d'artistes un peu miteux, dont la pétulante Mona (Beverly Garland, qui porte bien la robe courte), qui vont le mener tout droit à notre homme. Il n'aura pas trop de la durée du métrage pour régler ses comptes, se réhabiliter aux yeux de tous et décrocher le pompon en trouvant l'amour.
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Ce qui est marrant et pousse Carlson à être inventif, c'est que Brown veut absolument se venger lui-même de Givens, et qu'il le lui faut vivant. Il passe ainsi son temps à sauver celui-ci de la mort, en déjouant les complots de ses complices ou en le sauvant du lynchage. Très bonne idée également que cette petite compagnie de spectacle prise en otage par Brown, et qui va se retourner contre lui, par l'amour (la belle Mona) ou dans un dénouement que nous tairons ici pour ne pas vous gâcher le plaisir. La troupe joyeuse débarque dans une ville secouée par les assassinats, séquence sympathique et pour le coup très hitchcockienne. Le film, plein comme un œuf d'action et de revirements de situations, tient toutes ses promesses, modestement, professionnellement. Ce n'est que dans les détails qu'on peut faire un peu la grimace : la drague très expéditive de Brown, les ellipses du début quant au meurtre de la femme du général, les invraisemblances grossières et les raccourcis audacieux qui handicapent le récit. Mais l'histoire, malgré cela, est suffisamment ample et bien exploitée, et contient suffisamment de bonnes idées, pour satisfaire pleinement. On aime particulièrement cette fin, avec le méchant contraint de supplier le bon pour éviter la corde, et ce choix du "western de forêt" durant tout le début, qui donne l'occasion au chef-op d'exercer son talent. Acteurs pas mal, jolie photo, scénar surprenant et bien tenu, méchant valable... ne manque que la mise en scène, bien fade, pour faire de ce petit film un grand.
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