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11 juin 2025

Bas les Masques (Deadline - U.S.A.) (1952) de Richard Brooks

A force d'accumuler les "petits films" avec Bogart, on finissait par se demander si, pour conclure cette odyssée ambitieuse sur l'acteur, il ne nous restait pas à voir que des bouses... Des bouses, il y en aura sûrement encore, ne nous faisons pas trop d'illusions, mais ce film de Brooks, entièrement concentré sur notre homme, a tout de même belle allure. Directeur d'un journal à l'aube d'être racheté par des spéculateurs sans vergogne (ils veulent le racheter... uniquement pour éliminer la concurrence), Bogart décide de concentrer ses efforts sur un gangster jusque-là intouchable qui semble marcher sur les pas d'un Capone... Lorsque l'un de ses reporters est passé à tabac par plusieurs hommes des main de ce gangster, Bogart décide de passer à la vitesse supérieure et de tout mettre en œuvre pour tenter de faire calancher cet homme qui bénéficie d'appuis divers dans tous les milieux hauts placés... Bien que mis à mal professionnellement (la menace du rachat devient de plus en plus forte) et sentimentalement (son ex femme, l'amour de sa vie, voudrait se remarier avec un autre homme), Bogart fait de ce combat un symbole de ce que représente à ses yeux le journalisme : un outil d'investigation et de vérité au service du peuple...

Le film de Brooks ne cherche pas forcément à nous balancer de l'action à grands coups de tirs de mitraillette, ni à virer à la sauce "polar noir" ; il nous offre en tout premier lieu une excellente vision des rouages d'un grand journal avec son lot de reporters spécialisés dans différents domaines, de petites mains aux archives notamment, en allant jusqu'à évoquer l'ultime mécanisme de cette entreprise, l'atelier d'imprimerie - lieu de toutes les décisions "in fine" (point étonnant d'ailleurs que le film s'achève dans cet endroit), et par conséquent de tous les risques, de tous les drames (le seul meurtre durant l'histoire proprement dite y sera d'ailleurs commis). La caméra, comme Bogart, file d'un département à l'autre, donnant corps et âme à chacun de ses rouages humains (petit clin d’œil au passage, si je peux me permettre, à Joe de Santis, ici en responsable de la colonne des sports, un second couteau qui marque toujours, par sa prestance, son territoire) ; on suit pratiquement du début à la fin la constitution du dossier sur cet homme à abattre, ce fameux Rienzi, Brooks ne négligeant aucune spécificité d'un journal digne de ce nom, du travail de fond sur le terrain au travail de "surface" (éditorial illustré d'un dessin signifiant et marquant) qui s'étalera en une. Toute une école, cinématographique, richement documentée - avec en prime son lot de réflexions journalistes déontologiques d'une belle vigueur. Que dire d'autre si ce n'est que la romance, qui saupoudre le récit, est assez bien menée et que la fin ne s'inscrit pas forcément dans un happy end béat totalement convenu. Bref, du film sérieux et bien charpenté, de quoi forcément redonner du courage dans cette odyssée semée d'écueils.

Bo comme Bogie

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