Tu peux compter sur moi (You can count on me) (2000) de Kenneth Lonergan
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C'est toujours un peu le problème avec les films américains de ces cinquante dernières années (je fais dans le gros aujourd'hui) : l'idée n'est pas inintéressante en soi, la réalisation et le jeu des acteurs sont, à tout prendre, plutôt honnêtes - à défaut d'être dans la nuance -, mais le constat final est implacable : cela laisse en bouche un petit goût sirupeux, comme si la mièvrerie de la chose restait collée au palais... Soit donc ici deux enfants qui perdent prématurément leurs parents dans un bêta accident de voiture ; on retrouve la sœur et le frère à l'âge adulte et devinez quoi ? ce ne sont pas les champions du monde dans le domaine affectif... Un peu écorchés vif ? Ouah, quelle surprise ! Elle (Laura Linney as Sammy, mignonne et un peu transparente), se raccroche à son fils (Rory Culkin, les douze frères Culkin se révélant décidément tous semblables au même âge, jouant de leur regard étonné ou courroucé de la même façon - et puis rien d'autre) après une liaison foireuse et vite avortée (son ex est un connard, il le prouvera à l'occasion) ; elle est attachée à son gamin même si, dans les faits, elle ne se révèle guère transcendante pour s'occuper de lui ; lui (Mark Ruffalo as Terry, la définition du jeu bourrin), est franchement paumé et revient sans thune au bercail après avoir trainé ses guêtres jusqu'en Alaska. Il tentera de s'occuper du gamin, de la jouer complice, même s'il a le même sens des responsabilités qu'une moule. On est en plein dans le registre doux-amer : on s'aime, mais on est maladroits, on fait de grosses conneries, on s'engueule, on se dit des trucs irrémédiables, on préfère se quitter, bref, on est non seulement pas très bons pour s'assumer pleinement mais en plus pas très doués pour traiter les autres avec diplomatie... Mince alors.
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Sammy n'a de cesse de vouloir faire la leçon à son brother, n'a de cesse de chercher à le rendre plus "stable", quant elle a elle-même bien du mal à faire preuve d'équilibre ; au-delà du gamin avec lequel elle ne fait finalement pas grand-chose, sa vie amoureuse est un marasme : elle fréquente un type cool, bon plan anti-solitude et de baise mais... ben c'est à peu près tout ; puis elle se tape son boss, marié, en attente d'un gosse, vrai connard, mais bon plan anti-solitude et de baise... Guère plus stable dans sa tête que le frangin, en un mot. Plus la peine de faire un dessin : nos deux jeunes gens rament pour se (re)construire une vraie famille. Ok, c'est clair... mais la démonstration se fait poulalah lourdement démonstrative comme qui dirait... Une Sammy séductrice mais toujours sur la défensive, un Terry si gentil au demeurant (je vais m'occuper du gamin en l'emmenant jouer au billard la nuit : l'oncle à la con parfait) mais un peu concon dans le fond (un autre exemple parmi d'autres : il emmène le gamin voir son père, sans prévenir Sammy : cela se termine en pugilat avec baston et intervention des flics - un môme, le brother)... Comment voulez-vous que le petit nenfant qui est cromignon et toujours partant puisse s'épanouir au milieu de ces deux égoïstes meurtris ?... L'idée, disais-je, est loin d'être consternante en soi mais le traitement à la louche, les situations si prévisibles et le final si banal finissent par nous faire autant palpiter le cœur que celui d'un bulot. On n'est décidément pas sur la même longueur d'onde, Kenneth.
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