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9 mai 2025

SERIE : Astérix et Obélix : Le Combat des chefs d'Alain Chabat - 2025

Chabat revient à ce qu'il a le mieux réussi au cinéma : l'adaptation des BD de notre héros national dans la Gaule occupée (toute ? non). Et ma foi, il retrouve sans aucun doute l'esprit d'Uderzo et Goscinny, à croire qu'il est tombé dedans étant petit. C'est étonnant de voir comment il arrive à imprimer sa marque là-dedans tout en respectant jusqu'à la dévotion le cahier des charges de la série (grand public, esprit gaulois, jeux de mots taquins...), comme il l'avait fait avec son long-métrage. Il s'appuie ici sur un album mythique, Le Combat des chefs, qui voit notre pauvre druide Panoramix neutralisé pour empêcher la distribution de potion magique, pénalisant ainsi l'ensemble du village aux prises avec l'armée romaine désormais supérieure. Plutôt que de déchainer la fureur militaire et s'assurer une victoire définitive sur Astérix et ses potes, César, c'est bizarre, décide plutôt de profiter de l'occasion pour monter un fumeux combat entre chefs gaulois censé lui apporter les pleins pouvoirs. On s'en doute, après moult péripéties, l'empereur sera à nouveau défait et le banquet aura lieu dans les formes, que l'on se rassure. Mais entre temps, le film sera passé par des périodes bien tendues, voire anxiogènes, faisant de cet épisode d'Astérix un des plus sombres de la série.

A partir de cet épisode, Chabat brode mille débordements de l'histoire et imprime une marque très personnelle à l'ensemble. Le premier épisode, par exemple, ose nous montrer l'enfance d'Astérix et Obélix, mettant en forme la fameuse malédiction qui veut qu'Obélix soit pour toujours interdit de potion magique. C'est drôle et inventif, mais on ne peut s'empêcher de tiquer, lors de ce début de série, face à la liberté prise et à la destruction du tabou ultime dans la BD : les personnages ne peuvent pas vieillir, le temps n'existe pas chez Astérix, et ce premier épisode sonne comme une hérésie. Heureusement, Chabat corrige vite le tir, revient dans les rails, et ses audaces seront (pratiquement) toutes judicieuses par la suite. Même quand il multiplie les clins d’œil au monde contemporain (une des marques de fabrique de la série), même quand il aligne les jeux de mots parfois triviaux, même quand il part dans des délires assez dingues (le dessin animé pour bébés quand Panoramix devient fou, le combat final pompé sur Matrix), il reste dans les limites, et c'est tant mieux : on veut certes retrouver son humour à lui, mais surtout celui de la série, et il aurait eu tort de le trahir. La planquée de stars dévouée au doublage s'en donne à cœur joie, dans un enthousiasme communicatif et un humour parfait (la palme à Zadi, qui campe un Romain minable hilarant, et à Lellouche, qui fait passer la stupidité d'Obélix avec tendresse). Ça foisonne de gags, de décalages, de petits détails qui passent parfois en une seconde et qui sont très drôles, de seconds rôles joliment observés, c'est très chouette. On regrettera juste la surenchère du dernier épisode, pour le coup too much dans la noirceur et le sérieux des combats (la première fois qu'Obélix reçoit une baffe par un Romain), et qui tombe dans le mauvais goût. Quant à l'animation, bien que pas très client de ce genre d'images de synthèse lisses et sans âme, il faut reconnaître que les gusses ont fait un excellent travail pour rendre le caractère des dessins d'Uderzo : couleurs profondes, décors tour à tour foisonnants ou réduits à des toiles de fond monochrome, expressivité des personnages, et même ces onomatopées qui interviennent sous forme écrite dans le film pour dynamiser une baffe ou souligner un mouvement. Bref, un moment très doux et agréable, avec quelques débordements pas très bienvenus, porté par une équipe compétente et une vraie personnalité à la réalisation : moi je dis, je prends. (Gols 08/05/25)

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Alors bon, avouons-le, quoique réticent au départ devant cette animation 3D que je trouve personnellement très laide (malgré les détails parfois saisissants que cela permet tout de même de rendre, qu'il s'agisse de l'herbe, de l'eau ou la couture des habits), j'ai fini également par tomber dedans (et puis il faut bien faire plaisir à l'enfant, aussi, parfois, qui finit par penser que le cinéma n'existe en fait qu'en noir et blanc). Tout en reconnaissant une vraie qualité chez Chabat qui est celle, en effet, d'apporter, musicalement ou visuellement, sa petite touche personnelle tout en essayant de rester dans l'humour de la "franchise" (pardon, de la frenchix), tout en ricanant parfois bêtement devant certains jeux de mots à la con ("homard et fraise"...) ou certains noms délirants propices à des calembours impossibles (Sucetteàlanix qui ne veut pas prendre de nom romain en "us" ; "Suffix ! derrière !"), j'ai eu un peu plus de mal à m'attendrir devant ces cinq épisodes de trente-cinq minutes sur le papier (le générique de fin représentant à chaque fois un tiers des épisodes...). Si certains décrochages marquent des points (cet univers d'attractions disneyen judicieusement parodié, les délires de Panoramix sous l'emprise de la folie), d'autres idées sont un peu moins réussies et souvent longuettes (l'odieuse mère de César, les commentaires avé accent du combat...). Quant au casting de "superstars" du doublage, j'avoue pour ma part avoir été déçu (certes, pas facile de passer après Claude Rich en Panoramix... voire Roger Carel) tant les voix, en général et à mon humble avis, manquent cruellement de relief ; pour un Chabat toujours très à l'aise dans l'exercice de la voix off (et ce depuis Les Nuls...), les autres compères livrent une performance assez terne qui ne permet guère de donner véritablement "de la vie", de la singularité, à ces personnages de synthèse. Enfin, pour finir malgré tout sur une note plus positive, on sent Chabat, une nouvelle fois, très intéressé par les divergences entre Obélix et Astérix : ces multiples accrochages "en toute amitié" permettent, il faut le dire, d'insuffler un peu de "caractère" dans cette adaptation. Sympathoche, certes, au final, mais un peu trop tiré par les tresses. (Shang 09/05/25)

 

Commentaires
C
J'ai les mêmes réserves que toi concernant les voix, le dernier épisode et le graphisme, mais globalement, comme toi donc, je suis quand même conquise !
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