Le Système du docteur Goudron et du professeur Plume de Claude Chabrol - 1981
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Enfer et damnation, on va réellement de cimes en abysses dans la production télévisée de compère Chabrol. Ce film-là est une catastrophe à tous points de vue, tant dans son sujet que dans sa réalisation, dans le jeu des acteurs que dans le montage. On en vient même à douter qu'il est bien signé d'un cinéaste talentueux, tant tout y sent l'amateurisme le plus crasseux. Un jeune ténébreux (le cataclysmique Jean-François Garreaud, qui est là comme un poisson dans une cage) se fait inviter dans un asile de fous révolutionnaire : y est appliquée une nouvelle méthode consistant à laisser les fous en liberté et en quasi-autonomie, sans maltraitance ni emprisonnement. Au fur et à mesure de sa visite, les médecins et les patients tendent à se mélanger sans qu'on ne parvienne plus à distinguer les uns des autres ; lors d'un repas dantesque et infernal, les convives laisseront libre cours à leur folie, dans un débordement baroque que Chabrol voudrait bien délicieusement décadent et malaisant. On apprendra alors, saisi, l'affreuse vérité (qu'on avait deviné dès le départ), que je vous épargnerai avec mansuétude. On ne sait ce qui est le pire dans cette véritable bouse : le jeu des acteurs, improbable et ridicule, qui montre que Chabrol a une vision superficielle de la folie, qu'il en est resté à l'entonnoir sur la tête, et qui bousille tout ? la mise en scène illisible, lentissime, où quand on vous sert un verre on regarde pendant 17 minutes celui-ci se remplir avant... qu'on vous en re-serve un autre (l'ellipse n'est pas la figure de style la plus maîtrisée par le réalisateur) ? le scénario, aux buts décelables dès la deuxième minute, et qui passera ensuite son temps à étaler un mauvais goût affreux et une suite de scènes laides en diable sur le pétage de plombs de personnages surjoués ? la technique (photo gerbatoire, montage incohérent, musique répétitive, costumes de kermesse) ? Tout ça marche d'un seul élan, pour créer un objet complètement erratique, au rythme impossible, un étalage de criailleries et de cabotinage d'acteurs, qui lorgne du côté de La grande Bouffe sans en déclencher le malaise, ou du côté d'un Franju frappadingue, mais sans puissance. Un téléfilm pénible et moche.