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29 mai 2025

L'Emprise des ténèbres (The Serpent and the Rainbow) de Wes Craven - 1988

Le cinéma d'horreur des années 80 a vieilli, mais certains films ont résisté au temps, grâce à une petite puissance en plus, un supplément d'âme, un petit quelque chose qui les rend attachants. C'est le cas de ce film, qui, à bien y réfléchir, pourrait être un des meilleurs de son auteur, tant il garde aujourd'hui un je ne sais quoi de troublant. C'est une belle tentative de traiter le thème des morts-vivants de façon réaliste : Wes Craven adapte un livre assez savant visiblement d'un ethnologue qui a travaillé sur le phénomène de zombification en Haïti. C'est donc sur un terreau documentaire, ou pas loin, que se monte cette trame qui nous montre un jeune anthropologue et aventurier (Bill Pullman, 14 ans à vue de nez) envoyé sur l'île pour tenter de percer le secret de ces fameux morts qui reviennent à la vie. A la clé, peut-être une révolution du monde de la médecine, si on parvient à commercialiser la fameuse poudre magique qui semble être à la source de ce miracle. Sitôt débarqué à Haïti, notre homme se frotte à une toute autre réalité, à base de sorciers malveillants, d'hallucinations vaudoues, d'envoutement démoniaques, le tout sur fond de troubles politiques, de tontons macoutes peu amènes et de corruption étatique. 

Craven parvient à rendre spectaculaires chacune de ces scènes tout en nous informant assez précisément sur les zombis. Certes, les effets sont bien ringards aujourd'hui, et on ne tremblera pas beaucoup devant ces sorcières fossilisées ou ces serpents gigantesques. La mise en scène des effets horrifiques est handicapée par un manque de moyens criant, qui le force à employer des décors en carton-pâte. Malgré ça, on ne peut qu’applaudir devant l'intelligence d'un scénario qui utilise concrètement le contexte dans lequel il est tourné. Toute la fin, notamment, où les débordements politiques et le putsch contre le président sont mêlés à l'horreur, deviennent même un des moteurs et une des explications au phénomène des morts-vivants, est très bien vue : le montage est subtil entre grande Histoire et combat presque intime du héros contre ses propres cauchemars, et montre un cinéaste pas si perché que ça. Comme quoi, l'horreur peut s'inscrire dans un contexte fort, peut dire des choses sur la politique. Le film reste avant tout un film horrifique, avec ses cauchemars filmés de façon subjective et sa surenchère d'effets sanglants, mais il n'en reste pas moins passionnant sur son versant ethnologique. L'horreur nait du folklore haïtien, en est même indissociable, mais Craven parvient à imprimer son style propre à ces scènes, et on reconnaît sans problème le goût du bougre pour l'onirisme, pour une peur sèche, pour les corps putrescents. Malgré une première partie qui semble ajoutée arbitrairement à l'ensemble, on s'ébaubit devant cette personnalité qui parvient à s'épanouir dans un contexte politique et social aussi fort.

 

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