LIVRE : Les Doigts coupés de Hannelore Cayre - 2024
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Un polar à l'ère de la Préhistoire, pourquoi pas puisque le ridicule ne tue plus. Il suffit de vouloir un jour construire une piscine pour que tout un monde s'ouvre aux paléontologues... C'est aussi le cas pour Cayre qui, à partir de deux cadavres entremêlés, une grotte peinte avec des doigts de la main coupés (un mafia néander(i)talienne ? - ahah très drôle ) et quelques cailloux et autres silex d'époque nous trame toute une histoire à haute teneur féministe... On fait un petit saut, non dans la piscine, mais dans le temps, quelques dizaines de milliers d'années en arrière, et nous voilà dans un clan où les femmes sont quelque peu ostracisées... Des femmes d'aisance qui ont le malheur de grossir tous les neuf mois (le lien n'a jusque-là pas encore été fait entre poutraillage et grossesse), des femmes interdites de chasse, des femmes rebelles punies (une erreur, une phalange, un manque de respect, une autre phalange - ça peut aller très vite) et notre héroïne, Oli, de se sentir très vite à l'étroit au milieu de ces bourrins patriarcaux... Elle est inventive, pourtant, en terme de chasse notamment (ce dont les hommes feraient justement bien de se méfier), elle n'est pas franchement portée sur le sexe, elle a des envies d'aventures et aventures donc, tout au long de la Dordogne jusqu'à la mer, au gré de diverses rencontres d'individus étranges voire affreusement laids (avec la peau blanche ! pouah !), il y aura. Cayre ne s’embarrasse pas trop au niveau du langage d'époque (que des dialogues en "grumpff", ceci dit, ça lasserait vite) et nous tresse un récit (basé tout de même sur quelques recherches scientifiques de renom) qui fait la part belle à l'imaginaire - et à l'intelligence féminine, la gâte Oli concentrant la plupart des qualités face à ces hommes souvent aussi bas du front qu'un chroniqueur chez H ou PP. On sent bien que la dose de romanesque est un peu poussée à l'excès, que les agissements féministes de l'héroïne rejoignent parfois un peu grossièrement les conceptions féministes contemporaines et on voit plus souvent qu'à son tour les grosses ficelles de la chose (le tout premier meurtre de l'histoire, le premier silex ultra designé, la première pierre-paysage sur laquelle l'imaginaire peut se projeter (l'ancêtre du cinéma, non ?) - cela fait beaucoup de première fois) ; et comme le style est un peu au ras des pâquerettes, on lit la chose avec une petite moue d'usage... Un certain effort, pourra-t-on positiver, pour nous faire revivre toute une époque qui demeure à nos yeux un peu floue, mais une façon de charger la mule avec des projections et des débats de notre temps un peu trop systématiques pour être totalement honnêtes (c'est un peu grottesque ? Fi ). Une grotte pourpre de Cayre un peu trop fantasmée pour que l'on plaise totalement à s'y perdre.