LIVRE : L'Envers de la Girafe de Pascal Dessaint - 2025
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Après avoir porté mon soutien à Michon, il est normal de le porter à Dessaint (ma compagne est consternée, je compatis). Une envie de polar en région toulousaine mettant en scène une girafe ? Vous tombez plutôt bien ! Personnellement je succombe illico à l'envie, n'ayant jamais caché ma passion pour l'animal (voir à ce propos mes différents safaris en Tanzanie sur l'animal - sur un autre blog - je plaisante, c'est les vacances on a dit). On connaît par cœur le concept : quatre ou cinq personnages, voisins dans une même rue, vont donner, chacun leur tour, leur petite réflexion personnelle puis leur vision d'un même incident, que dis-je, de plusieurs incidents ; un type un rien fataliste derrière ses écrans de surveillance, un gamin en stage à ses côtés passionné par les girafes et constamment emmerdé par sa mère handicapée, une chômeuse passionnée par les ptits oiseaux et son compagnon transporteur de produits toxiques (un assemblage dangereux) ou encore un passionné de plantes vertes qui ne peut s'empêcher d'écrire à la craie sur le trottoir le nom des espèces végétales qui parviennent à percer le bitume : cinq personnes a priori totalement inintéressantes et qui le resteront, je vous rassure. Bon, on notera, en tout cas les plus malicieux d'entre vous le feront, qu'il y a quand même en toile de fond un petit thème sous-jacent commun... Non ?........ Allez, un effort. Toujours pas ? Mais si, allons, l'écologie !!!! Sujet on ne peut plus actuel et passionnant - avec les droits de douane, c'est vrai. Si on mélange le noir et le vert, on obtient quoi ? Du noir, certes, mais rien ne va pour autant empêcher nos cinq personnages un rien idéalistes d'aller jusqu'au bout de leur logique - pour le pire ou le meilleur, mais surtout, pour le pire. C'est bien gentil de vouloir sauver la planète mais cela n'est pas non plus sans risque ma bonne dame... Dessaint, dans un style des plus légers et à l'aide d'un vocabulaire assez restreint (ce n'est pas parce que c'est les vacances qu'on va non plus être gentil avec tout le monde), nous divertit le temps (interminable) d'un train entre Vierzon et Brive-la-Gaillarde (ma vie est passionnante, je sais) ; son Rashomon (des oliviers) a tout de même au moins le mérite de nous en apprendre de belles sur les girafes (Zarafa, première girafe introduite en France au temps de Charles X serait actuellement (taxidermisée, cela va de soit) à La Rochelle où je passe justement demain... ma vie devient franchement un peu plus trépidante chaque jour que Dieu fait), un sujet absolument passionnant en soi... La petite tramette de cet ouvrage (où il sera surtout question d'herbe à tondre, de sauvetage de chardonnerets et de kidnapping éventuel de girafe - mais où va s'arrêter l'imagination humaine ?), si l'on fait fi des invraisemblances et autres incroyables coïncidences, va culminer lors d'une fin de journée pour le moins agitée - et forcément tragique. C'est un peu au ras du bitume au niveau de l'écriture mais on peut aussi louer Dessaint (on referme la parenthèse) pour sa considération certaine (sans se départir d'une certaine "ironie" mordante inhérente au genre) envers l'environnement. Gentiment sauvage, comme une petite herbe folle sur un crépi.