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21 avril 2025

LIVRE : Aux Animaux la Guerre de Nicolas Mathieu - 2014

Les Vosges, pays de Cocagne ! Oui, en fait, pas franchement… Mathieu, avec déjà cette capacité à décrire avec précision notre époque (multiplication des références musicales notamment qui permettent de donner une sorte de BO au bouquin), décrit la fermeture d’une boîte dans cette région jusque-là guère favorisée économiquement. Des hommes, des petits ouvriers qui tombent, et des dommages collatéraux immédiats (la génération suivante ne pouvant guère, c’est le moins qu’on puisse dire, bénéficier de leur réussite, de leur ascension sociale) ; à cette violence économique semble devoir répondre une violence dans les rapports humains toute aussi dévastatrice… Si Mathieu, dans un premier temps, semble se focaliser surtout sur les relations entre un certain Martel, fer de lance du syndicat, et une jeune inspectrice du travail combattive, l’histoire va rapidement bifurquer sur des terrains « sociaux » (comme lorsqu’on parle de misère sociale) encore plus glissants… Martel, pris à la gorge par les dettes (une mère en maison de repos, un trou dans la caisse du syndicat…), va décider avec un « jeune camarade » de son taff (une tête-brulée bourrine qui a de qui tenir – le récit s’ouvre sur un épisode sanglant de la guerre d’Algérie qui met en scène son propre grand-père) de procéder à un kidnapping : une très jeune prostipute de l’est est ainsi enlevée à des types chelous, une pauvre paumée que Martel veut vendre aux types tout aussi peu recommandables qui lui ont prêté de l’argent par le passé ; un plan à la noix qui va forcément foirer (la fille s’échappe) et entraîner des conséquences tragiques…

Des conséquences « néfastes », inéluctables en un sens (comme si la situation de départ, ce véritable marasme économique, ne pouvait que dégénérer) que Mathieu a tendance, le plus souvent, à nous présenter avant les faits ; l’auteur joue ainsi, au niveau de sa narration, assez habilement avec les flash-back, revenant constamment « après coup » sur les causes comme pour mieux mettre en relief l’aspect logique pour ne pas dire tragique des conséquences… Le récit part d’un simple conflit social qui vire au vinaigre, un récit qui dérive progressivement vers le polar : comme si l’aspect noir des choses ne pouvait que prendre le pas sur le reste, à l’image de cette situation économique qui tire chacun vers le gouffre. Hommes de main sans foi ni loi, petite brutasse sans envergure, situation foireuse qui fait planer une menace sur l’ensemble des protagonistes, règlement de compte qui vire au carnage… C’est en fait un peu comme si toutes les tensions au sein de l’usine se devaient d’exploser « au grand jour », tous les personnages principaux voyant leur choix, leur destin, leur péter à la tronche. Heureusement, quelque part, au sein de cette gabegie, de ce déclin autant moral qu’économique, il y a les premiers pas sensuels et sexuels de deux ados qui, à force de se tourner autour, vont tomber dedans. Une initiation amoureuse au bout de la nuit qui fait de l’amour la seule petite lumière possible dans ce monde définitivement pollué dans la plupart des domaines… Des personnages finement dessinés, des situations minutieusement décrites, un sens narratif évident, Mathieu, dès son premier roman, dresse un judicieux portrait de notre époque sur la brèche. Industriellement noir mais proprement prenant.

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