En route vers le sud (Goin' South) de Jack Nicholson - 1978
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Ouille ouille ouille, le talent de Nicholson ne s'étend pas à toutes les activités cinématographiques, si j'en crois ce pénible et vulgaire western. Et même son indiscutable génie de jeu se perd dans ce film réalisé par lui-même, comme si, laissé ainsi en roue libre, il ne pouvait que donner libre cours à une cabotinerie fatigante. En tout cas, il tire toute la ouverture à lui, arrangeant sa "mise en scène" pour qu'il figure en gros toujours au premier plan et au centre : on n'est jamais mieux servi que par soi-même. Il y avait pourtant un certain potentiel dans ce duo mal assorti que le scénario met en place : un couple formé par Henry Moon, hors-la-loi roublard et crasseux et Julia, vieille fille détentrice d'une pauvre mine qu'elle imagine remplie d'or. Pour le sauver de la potence et s'offrir une main d’œuvre gratuite, elle accepte d'épouser le lascar, et c'est parti pour deux heures d'engueulades, d'entourloupes et de vexations, ces deux antagonistes se découvrant peu à peu, dans l'adversité et l’appât du gain, une attirance qu'on pourrait bien appeler amour. Bien, on le voit, c'est cousu de fil blanc, c'est aussi profond qu'une flaque d'eau au fin fond du Texas, et les pseudo-gags qui émaillent le film sont aussi tordants qu'un week-end à Saint-Pierre-et-Miquelon. On sourit à la rigueur en regardant ce vieux macho issu des westerns virils se mettre à la botte de la jeune femme, obéissant à ses ordres et officiant aussi bien en chercheur d'or qu'en fournisseur d'orgasmes. Très avare en action, Goin'South essaye de compenser par l'humour parodique, et à ce jeu-là, Nicholson est redoutable : pas un plan où il ne surjoue pas avec force grimaces les situations, pas un plan où il ne fait pas son main face à une Mary Steenburgen dirigée uniquement pour lui servir de faire-valoir comique (elle est sérieuse comme une mormone quand lui surenchérit de clowneries). Les seconds rôles sont, eux, tout aussi cabots, de Christopher Lloyd à Danny DeVito (pas la fine fleur de acteurs bergmaniens, c'est vrai). Quant à la technique du film, on s'épate qu'elle soit aussi amateure, malgré la notoriété de son interprète et metteur en scène : image immonde qu'on dirait issue d'un film d'exploitation des années 60, musique caricaturale, son inaudible, effets de caméra franchement ringards... Vraiment rien à sauver dans ce western miteux, et il faudra à cette époque regarder du côté de l'Italie pour voir comment on peut pervertir le genre sans faire un navet.
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