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18 avril 2025

Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre d'Alain Chabat - 2002

C'est sous les trompettes romaines et au son d'Ave Cesar que nous faisons entrer le sympathique Alain Chabat dans notre colonne de gauche, il était temps de mêler le succès populaire à notre maelström de cinéastes intellos péruviens. Il y entre avec ma foi un film tout à fait rigolo, à la fois très personnel et complètement en allégeance à ses pères, Uderzo et Goscinny, dont il adapte ici un des meilleurs albums. C'est assez remarquable d'avoir ainsi réussi à mélanger l'esprit si particulier d'Astérix, la drôlerie bon enfant et familiale véhiculée par Depardieu et Clavier, l'humour non-sensique et parodique des Nuls et l'aréopage des comiques de l'époque avec leurs caractères précis, Jamel et ses bouffonneries verbales, Edouard Baer et  son sens de l'impro raffinée, Dieudonné et sa nonchalance, les Robin des Bois et leur goût du happening. Ce mélange annonce le naufrage. C'est miraculeux, mais ça tient au-delà des espérances. Le film, en 1h50, arrive à donner une place à chacun, et mieux : il arrive à rester cohérent et relativement homogène, suivant son scénario de base avec constance tout en s'autorisant des sorties de route très réussies (le monologue de Baer sur la condition de scribe en est le sommet).

Le film est clairement très richement doté, et sa production étincelle dans tous les sens : décors gigantesques, figurants par paquets de mille, pléthore de seconds rôles stars, très belle photo, effets spéciaux inventifs, on sent que Chabat a su s'entourer des meilleurs, et surtout qu'il en a eu les moyens. Voilà qui change des comédies à deux balles habituelle : Astérix et Obélix : Mission Cléopatre est un vrai beau gros projet  qui prend la comédie au sérieux, et qui tient à ce que le public soit aussi émerveillé que possible. Les producteurs ont trouvé en Chabat un metteur en scène à peu près idéal : il sait toujours laisser la place aux acteurs quand l'invention est là, et rattrape les rênes dans les scènes obligées, plus amples, sachant toujours leur octroyer un petit plus qui les rend charmantes : la scène dans la pyramide, par exemple, subitement transformées en cartoon, ou la bataille entre Jamel et Darmon qui parodie les "anime" japonais. Chabat rend un vrai hommage au cinéma populaire et à la BD, tout en inscrivant son film dans la lignée péplum. Son film est plein comme un œuf de gags et de répliques à deux tranchants, et pourtant il n'est jamais étouffant ou trop plein, il sait ménager des respirations en variant les registres d'humour et en restant toujours spectaculaire. Pour le reste, la pluaprt des répliques et des personnages sont aujourd'hui devenus culte, et ce serait faire la fine bouche que de relever ici une scène un peu plus ratée (la grande bagarre contre les Romains, bof), là un acteur moins inspiré (Claude Rich est absent), ailleurs deux ou trois petites longueurs. Le dynamisme, l'amour des acteurs, l'esprit "ce n'est pas sérieux, mais faisons-le sérieusement", les trouvailles fendardes, l'évident enthousiasme de toute l'équipe, la bonne humeur communicative, le respect du public (le seul film de Clavier qui ne nous prend pas pour des cons), l'aspect "entre potes" qui évite complètement l'entre-soi, tout ça est bel et bon, et tant pis pour les petits défauts. Une réussite.

 

Commentaires
G
Haem, haem… les poissons d’avril c’était il y a 20 jours.
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C
Sans doute, vertueux Castrol, sans doute... cependant, je suis moi-même de manière générale si peu réceptif à la comédie hexagonale de ces septante dernières années que je mettrai sans fard touailles et ganses, dujardineries et fernandelages dans la même cloyère d'huîtres pas très fraîches. Mea culpa. Je me souviens avoir fort peu travaillé de la zygomatique en découvrant cet Astérix passé à la moulinette djamelo-canal+ en salles (où je n'étais, quasiment, qu'un enfant) et des bribes glanées çà et là sur le petit écran n'ont fait que niveler mon jugement vers le bas: c'est poussif et ça vieillit extrêmement mal. Peut-être que l'humour des Nuls, qui avait (et d'ailleurs garde) une certaine jouvence en format sketch, n'a guère plus sa raison d'être au-delà des 90's, au même titre que celui des Inconnus ? En tout cas, je suis rassuré de n'être pas (encore trop) devenu un vieux con car je me suis beaucoup amusé devant "Le deuxième acte" de Dupieux, cinéaste qui d'ordinaire me laisse frisco... les Shangolais ont eu du tarin sur ce coup-là: https://shangols.canalblog.com/2024/05/le-deuxieme-acte-de-quentin-dupieux-2024.html
H
Soutien à Gols ! Je n'ai jamais trop compris le discours convenu (très répandu chez les acteurs et même chez certains réalisateurs) selon lequel réaliser une bonne comédie serait plus "difficile" que pour les drames. Mais la comédie étant (à mon sens) un "film de genre", elle peut donner lieu, comme pour les films policiers par exemple, à de belles réussites voire à de petits chefs-d'oeuvre (de genre donc). Malgré les apparences il n'y a pas grand chose de commun entre le film de Chabat ou OSS 117 (comédie admirable, il faut quand même le rappeler, sur le plan de la réalisation et du montage) ou les grands Lautner et une bouse divertissante (ou pas) de Chauveron...
N
Allons, allons, drille Gols. Un peu de sérieux. Vous avez passé l'âge de ces rocamboles, non ? <br /> Dans votre prochain billet, vous allez nous vanter les mérites d'une comédie de Philippe de Chauveron...
G
Je ne comprends pas votre commentaire, ami Boulange...
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