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22 mars 2025

Masques de Claude Chabrol - 1987

Les temps où Chabrol était un fin observateur des bassesses de la bourgeoisie provinciale et réalisait des mises en scène d'une belle ambiguïté sont passés en 1987, si on en croit en tout cas ce Masques aussi épais qu'amateur. On dirait même qu'il se "mockyse" un peu dans sa vison de la société, et se laisse aller à une paresse assez gênante, tant à l'écriture qu'à la réalisation, tant dans la direction d'acteurs que dans le montage. Laid, mal joué et fin comme un jeu de massacre, le film se propose de fustiger les faux-semblants d'une société policée, symbolisée par le personnage joué par Noiret : Christian Legagneur est un présentateur de télé sirupeux et mièvre en charge d'une émission de chansons pour les vieux, star du troisième âge et grand bourgeois satisfait. Mais derrière la façade d'honorabilité se cachent de bien noirs desseins et de bien torves pulsions. C'est ce que va démontrer Roland Wolf (subtilité des noms de famille, je confirme), biographe du sus-cité, qui va passer quelques jours dans sa riche demeure de campagne pour interviewer le sieur. Il y fait la connaissance de Catherine, jeune nièce maladive et proustienne de Legagneur, et de toute une bizarre communauté composée de domestiques qui n'en sont pas, de voyantes dragueuses et de sommeliers profiteurs, qui s'est organisée autour de la figure de la star du petit écran. Commence alors un jeu du chat et de la souris (l'allégorie prend la forme d'une partie d'échecs entre les deux parties, voyez la subtilité) où chacun semble être différent de ce qu'il affiche et cacher de lourds secrets : Legagneur n'est-il que ce brave présentateur amoureux de ses petits vieux ? Wolf est-il réellement un biographe ou ses intentions sont-elles plus troubles ? Catherine est-elle ici de son plein gré ?

L'hommage à Hitchcock et ses trames sophistiquées est évident, et même sans la musique de "Hitchcock presents", on aurait compris les allusions. Mais pris en flagrant délit de bâclage, Chabrol reste à 10 kilomètres du maître, et ne réalise qu'une petite comédie policière guère passionnante, poussive et artificielle. Le jeu de Noiret est si "hénaurme" qu'on sait dès le départ que c'est une enflure qui dissimule sous sa bonhommie des monceaux de monstruosité. Chabrol ne s'épargne pas dans la catalogue : le gars séquestre, tue, manœuvre, escroque, détourne et gabegise à qui mieux mieux, et on se dit que la charge est beaucoup trop lourde pour être crédible et pour parvenir à donner au personnage la sympathie acerbe que le film lui donne. Face à lui, le beau chevalier blanc Robin Renucci est également très antipathique, sinon par ses costumes (la mode des années 80... ), du moins par ses airs de petit malin. On a franchement beaucoup de mal à croire à l'attirance de Catherine (la belle Anne Brochet, seule présence un peu sincère et jolie dans ce film, avec son caractère fantomatique) pour lui, tant il est tête à claques. Les autres personnages sont des faire-valoir inutiles (il y a Bernadette Lafont et Monique Chaumette pourtant), qui semblent n'être là que pour gonfler une histoire policière qui s'essouffle d'entrée de jeu. Le tout est surtout d'une insigne laideur, de la photographie terne comme un jour de pluie aux décors antiques, de la musique anachronique au montage à la hache. Il reste quelques éland d'inspiration au niveau de la mise en scène, avec ces travellings élégants qui enserrent un couple ou ces profondeurs de champ qui rendent un couloir inquiétant, mais c'est bien pour dire. Une farce grimaçante, déplaisante et bien inoffensive.

 

Commentaires
H
C'est vrai qu'en 1987 la carrière de Chabrol est largement derrière lui, même s'il nous réservera encore un ou deux belles surprise (avec La Cérémonie en chant du cygne). Masques n'est pas déplaisant (ça fait toujours plaisir de voir Noiret ou Lafont à l'écran) mais a tout d'un téléfilm
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H
Non, simplement un nouveau venu sur ce blog !
B
Le style, la plume... Hans Castorp... Hamster Jo ?
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