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11 février 2025

Pile ou Face de Robert Enrico - 1980

Me demandez pas pourquoi j'avais ce film dans les 857 qui attendent sur mon disque dur, je ne saurais vous répondre. Bon, c'est l'occasion en tout cas de faire rentrer Robert Enrico dans Shangols, qui sent l'EHPAD du côté golesque, je veux bien le reconnaître. Michel Serrault est un petit bourgeois loser dominé par sa femme, Philippe Noiret un flic revenu de tout et solitaire, voyez l'originalité. Le premier devient veuf le jour où sa femme passe par la fenêtre. Suicide, accident, meurtre ? Le second penche pour le meurtre, surtout quand il se rend compte du train de vie que s'accorde Morlaix (Serrault) depuis son veuvage : et vas-y que je me dévergonde dans les clubs olé-olé de Bordeaux, et vas-y que je me paye des billets pour une escapade dans les îles, et vas-y surtout que je fais de l’œil à ma voisine de 30 ans ma cadette (Dorothée, nulle mais à poil). Le flic devient obsédé par ce cas, prêt à tout, y compris à l'illégalité, y compris au conflit avec sa hiérarchie, pour faire avouer notre homme. Qui ballade qui dans cette curieuse histoire, qui est manipulé, qui a raison ou tort, qui est le gentil et qui le salaud ? En tout cas, de curieux liens se tissent entre le chasseur et le chassé...

Bon, on n'est pas dans le cinéma le plus moderne de la terre, on ne va pas se le cacher. Les dialogues de Michel Audiard, la lumière glauquissime, la musique déprimante, tout ancre ce film dans son époque, qui n'est pas la plus flamboyante pour le cinéma français. Le scénario, complètement improbable et plein d'aberrations, n'aide pas à aimer ce film d'un autre âge, qu'on dirait issu d'un Simenon de bas étage. A partir de la moitié du film, on est carrément dans le grand n'importe quoi, mais Enrico s'en fout : il a son dialoguiste plein de verve (mon Dieu, ces bons mots antiques) et il a ses acteurs, ça suffit bien. Et le pire est qu'on lui donne presque raison : rien que de voir le père Serrault et le père Noiret cabotiner ensemble (et la complicité est totale), rien que de les voir jouer leur partition les yeux fermés avec une gourmandise inentamée (lui pleutre, veule, minable mais matois ; lui grande gueule, la main leste, le sarcasme aux lèvres) peut suffire à la satisfaction de voir Pile ou Face. On retrouve ce vieux cinéma de papa, tout gris et tout moche mais joué par des artisans au taquet, plein de personnages secondaires rigolos (Arditi en flic con, André Falcon en commissaire dépassé) et de situations divertissantes, et ma foi ça a son charme. D'autant que les personnages et leur évolution au cours du film ne sont mine de rien pas inintéressants : les deux frères ennemis, que tout oppose nouent des relations de plus en plus amicales, la voisine mutine allume Serrault mais va se montrer d'une droiture qui lui fait honneur, les crimes des uns peuvent être excusés par ceux des autres, bref on est dans un portrait immoral de la société (gangrénée par ces notables bordelais, campés par une bande de petits rôles parfaitement odieux) qui réjouit. Au final, on y croit comme au retour de la gauche, ça pique les yeux comme c'est pas permis, c'est ringard comme un film de Enrico, mais c'est parfois réjouissant et légèrement provoc. Donc, bon, à tout prendre...

 

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