Pebbles (Koozhangal) (2021) de P.S. Vinothraj
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Avant l'excellent Kottukkaali (mais si, même nos commentateurs suisses favoris ont aimé ! Certes toujours inédit en salle), P.S. Vinothraj avait donc commencé de semer des "cailloux" avec ce film au titre tout aussi évocateur et qui vous permettra de briller en soirée : Koozhangal... L'histoire d'un homme qui, accompagné de son gosse, va chercher sa femme qui l'a lourdé. C'est tout ? C'est tout ;mais attendez, quand je vous aurai dit que le type, après avoir fait une partie de la route en bus jusque chez la mère de sa femme (une gabegie), fait le reste (sept ou huit kilomètres au bas mot) à pied, vous ferez sans doute un peu moins le malin... En précisant (pour ceux qui ne connaissent pas encore Vinothraj, les parias !) que notre homme suit à la trace notre héros : ce sera donc également, pour le caméraman huit bornes à pied, sous un soleil de plomb, dans un paysage quasi désertique, avec des serpents noirs gros comme mon bras qui surgissent... Pour être honnête, trois ou quatre cameramen ont dû surement crevé au cours du tournage. Mais revenons à notre homme : il est vénère (putain de bonne femme qui m'a abandonné), il est alcoolique (toujours prendre une fiole de sky pour la route et des clopes, le secret du sportif), il est violent (il fout une baffe au gamin, il vole - faut dire, ils ont des jambes en coton-tige ces Indiens), ce n'est pas franchement le moment de se mettre sur sa route... le gamin en fera les frais, la famille de sa femme en fera les frais, le climax s'annonce tendu... si climax il y a...
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On retrouve chez Vino (on est dorénavant des familiers de son œuvre...) ce goût pour cette caméra quasi embarquée sur le dos de ses personnages principaux, ce montage tranchant, ces cadres millimétrée, ce sens constant du mouvement, cette captation de la lumière, cette économie de mots... et ces soudains éclats de violence tranchants comme un fil de plomb. Une baffe chez Vino, c'est une baffe. Une souris à laquelle on pète les pattes avant de l'empaler à moitié vivante sur une petite broche c'est une souris à laquelle on pète les pattes avant de l'empaler à moitié vivante sur une petite broche pour la faire cuire. Ce n'est pas un cinéma qui triche (on n'aura pas droit à "aucun animal a été maltraité durant ce film", on n'y aurait pas cru de toute façon vu la grimace contrite de la souris empalée qui n'a pas fait, ne déconnons pas, l'actor's studio), c'est un cinéma qui va droit, qui file, recta... On est pris dans les pas de ce père au faciès hirsute et décidé, on est pris dans cette histoire en ligne droite tout en appréciant chemin faisant les petites finesses du cinéastes : ces plans de drone qui finissent d'isoler son personnage, ces plans "hors-récit" (une soudaine coupure dans le montage chronologique) qui finalement viennent s'insérer dans l'histoire quelques séquences plus tard, ces soudaines poussées de violence qui retombent dans la poussière, dans un silence ultra pesant... Et ce mystère, qui plane, sur l'issue de la chose, ce suspense aride tout du long... On est comme partie prenante de la chose à l'image de cette étrange séquence où l'homme se retourne soudainement sur la caméra (sur nous ? sur un esprit ?) avant de continuer son chemin d'un pas décidé, se retournant encore (sur nous putain ? sur un putain d'esprit ?)... avant de se péter l'ongle du pied sur un obstacle - on s'excuserait presque de l'avoir coupé dans son élan, tout honteux, pris dans ce récit comme lui dans sa colère... Un film qui file droit, disais-je, (mais file-t-on vers la catastrophe ou la zénitude larvée...) sans doute un peu moindre en rebondissements que le plus maîtrisé et captivant Kottukkaali, mais déjà franchement hypnotisant. La vérité, on va le suivre ce Vino !
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