LIVRE : Un Avenir radieux de Pierre Lemaitre - 2025
"Les rancunes,souvent plus aveugles que l'on ne croit, rongent davantage les victimes que les coupables"
/image%2F0405316%2F20250217%2Fob_90d8c8_9782702183625-001-x.jpg)
Autre ultime opus d'une trilogie tant attendue disponible en ce début 2025 (vendu en pile chez les buralistes... A quand le droit donné aux libraires indépendants de vendre des clopes en gros ou même de la beuh pour pouvoir espérer un léger profit ? Je dis ça, je dis rien), cet ouvrage de Lemaître clôt donc ces fameuses années dites "glorieuses". On se replonge très vite dans le petit monde des Pelletier par l'intermédiaire de Colette, une des dernières nées qui fera vite figure de véritable Cosette des fifties (un épisode sexuel dégueulasse et une salope de mère qui rendrait presque Folcoche plutôt sympa). Réfugiée chez ses grands-parents puis récupérée par sa mère, elle va devoir faire face à de multiples mésaventures familiales et scolaires difficiles à gérer ; mais elle va faire preuve, comme la génération précédente voire celle d'avant, d'adversité pour tenter de garder la tête haute, et ce même du haut de ses onze ans. Cet opus se concentre surtout sur François, journaliste télé à succès bourré d'éthique, qui va se retrouver malgré lui dans la peau d'un drôle d'espion à Prague, en cette fin des années 50. Notre homme, quelque peu manipulé au départ mais très bien drivé, va tout de même devoir quelque peu improviser sur place ; Lemaître marche dans les traces de Le Carré ce qui nous vaut forcément des hectares de suspense et de rebondissements... On reste dans l'esprit page-turner à la française avec biblio à l'américaine et dialogues légers comme l'air ; même si on a l'impression d'une certaine facilité littéraire au niveau de la "dilution" du contenu, de l'éclatement des récits, cela continue de fonctionner - on ne va pas jouer les redresseurs de tort en crachant dans la bonne soupe (peu épicé, certes), la tradition romanesque française n'est pas complétement morte - même si on tire plus vers le roman de gare que vers le flamboyant balzacien... Les autres membres de la famille continuent leur petit bonhomme de chemin, Jean, l'éternel oublié (et assassin de service) tente comme toujours de trouver sa voie et la reconnaissance des siens (chemin ardu, mais il s'accroche), Hélène fait quant à elle les beaux jours (et surtout les belles nuits) de la radio, et les deux aïeux (un peu fatigués) de continuer de couver de leur attention l'ensemble des leurs - l'époque est encore à la réussite et à l'optimisme économique (malgré cette guerre froide peu rassurante en toile de fond), que chacun dans son petit travail (et des réunions de famille un poil houleuses) trouve son petit bonheur... Un final sombre et bourré d'émotion qui achève en fanfare ce récit relativement haletant, Lemaitre reste maitre dans son jardin littéraire populaire de bon aloi. Une ultime trilogie contemporaine à venir ? C'est tout le malheur qu'on lui (et nous) souhaite.